-24%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable Gaming 15.6″ Medion Erazer Deputy P40 (FHD 144Hz, RTX ...
759.99 € 999.99 €
Voir le deal

A boire et à manger

Page 2 sur 15 Précédent  1, 2, 3 ... 8 ... 15  Suivant

Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Jeu 17 Jan 2019 - 10:54

Houria Bouteldja est-elle raciste ?


Dans son dernier édito, Laurent Joffrin parle ici d'un livre de Manuel Boucher, intitulé "La gauche racialiste", auquel il semble souscrire en tous points. C'est juste infernal.

Pour Manuel Boucher, la pensée décoloniale a pour but d’importer en France le modèle multiculturaliste anglo-saxon. Boucher réfute de manière claire les thèses de cette gauche «décoloniale», très minoritaire mais très bruyante, qui prétend ramener à la division ethnique l’ensemble des conflits qui traversent la société française.
La gauche décoloniale, ça n'existe pas. Ou sinon ça a un nom : le PIR (mouvement de Houria Bouteldja), et sans doute trois pelés qui s'y intéressent (dont moi). Quant à "ramener à la division ethnique l’ensemble des conflits qui traversent la société française", on dira gentiment que Boucher l'a juste inventé.

La gauche décoloniale stigmatise la persistance des préjugés et des schémas coloniaux dans nos sociétés, pour critiquer leur rôle dans la condition faite aux minorités issues des anciens pays colonisés. Jusque-là, rien que de légitime et tout antiraciste conséquent aboutira aux mêmes constats.
Ces précautions d'usage précisées, passons aux choses sérieuses :

Plutôt que de s’en tenir à la tradition universaliste qui fonde la lutte pour l’égalité des droits et des conditions, la gauche décoloniale la rejette comme "blanche" au profit d’une vision essentiellement communautaire, culturelle et même raciale des démocraties (comme si le racisme était le monopole des démocraties occidentales, ce qui est pousser loin le simplisme).
A propos de simplisme : pourquoi s'embarrasser d'une autre grille de lecture alors que la mienne est universelle ? Bel effort Joffrin, fallait oser ! De plus, c'est malhonnête de sous-entendre que l'universalisme serait rejeté par Bouteldja PARCE QUE blanc. C'est non seulement l'affirmer raciste mais en outre lui nier toute capacité à penser. Ce qui est dit (si ça ne dérange pas trop qu'on s'y réfère), c'est que l'universalisme est rejeté parce que l'Occident s'en sert pour rabaisser, "régionaliser" si l'on veut toute autre forme de pensée, soit rien d'autre que la perpétuation de la pensée coloniale. L'idée d'universalisme proprement dit n'est pas forcément inaudible, c'est s'en prétendre le dépositaire qui ne colle pas, d'autant que ce n'est qu'un rêve parmi d'autres (celui des droits de l'homme etc bref, un rêve de blanc), un but à atteindre dans le meilleur des cas.

Comme cette catégorie raciale est quelque peu gênante pour des militants de gauche, on a inventé une novlangue destinée à apposer une étiquette nouvelle sur les mêmes groupes. Ainsi, on ne parlera pas de "Noirs" ou "d’Arabes"  mais de minorités "racisées". On ne fustigera pas "les Blancs", mais on mettra en avant le subtil concept de "blanchité", censé désigner non une couleur (?), mais une construction sociale. Byzantinisme sémantique qui voile en fait une conception tout aussi essentialiste et raciale de la vie en société et qui revient à désigner exactement les mêmes personnes, les "minorités visibles", à l’aide d’un vocabulaire sophistiqué et bien-pensant.
N'importe quoi. D'abord la novlangue, c'est la vôtre, Joffrin. C'est celle qui par exemple emploie le concept de racisme tout en éliminant le mot "race" du dictionnaire, et justement pour cause de bien-pensance (ou de modèle d'éducation dans le meilleur des cas). Bref, vous inversez les rôles.
Seriez-vous amnésique ? Auriez-vous oublié ce temps où tout le monde parlait de blancs, de noirs etc ? Qu'en déduisez-vous ? Que tout le monde était raciste il y a cinquante ans ? C'est du délire. Bouteldja emploie tout simplement ces mots comme on les emploie depuis toujours et partout dans le monde, c'est-à-dire au sens culturel. Au sens oui, de spécificités culturelles, de constructions sociales etc. Il n'y a que vous qui soyez "byzantin" dans cette histoire !
Un exemple : quand, au delà des frontières donc, vous vantez les valeurs communes de l'Europe, vous faites quoi sinon affirmer une identité culturelle (européenne) ? Et cette identité, c'est quoi sinon ce qu'on appelle depuis toujours "l'Occident" ?
Vous voyez c'est tout simple : il est question de culture (de civilisation plutôt mais bref). Et je le répète, c'est comme ça que les gens en parlent dans le monde entier, et pour bon nombre sans connotation raciste. Bouteldja emploie donc juste les mots des gens normaux, et non cette novlangue inconséquente qui par exemple a elle-même créée le concept de race pour finalement mettre le mot sous le tapis, vu des dégâts... privant ainsi les gens d'une référence identitaire (parmi d'autres) que vous-même utilisez en parlant d'Europe.
Sinon bravo d'expliquer que les noirs culturels correspondent bien aux noirs biologiques etc, La Pallice n'aurait pas fait mieux : les "blancs" culturels ne désignent effectivement pas les "noirs" biologiques, je confirme !

Ainsi, le Parti des indigènes de la République (PIR) appelle au «renversement révolutionnaire» des "racisés" contre le "pouvoir blanc", ce qui consacre la "lutte des races" dont on se défend par ailleurs. On dénonce la gauche blanche, ou les féministes blanches, comme si leur appartenance ethnique ou raciale les disqualifiait d’emblée.
Je vous reprends plus sur les races, je viens de le faire. Vous prétendez ne pas comprendre, j'en doute. Bouteldja dit d'ailleurs clairement préférer la gauche, mais ça vous préférez le taire parce qu'elle ose faire le constat qu'à gauche aussi, on a le même pli universaliste (que vous défendez ici-même clairement), et souvent la même arrogance qui sévissait donc à l'époque colonialiste. Le problème c'est qu'aucun blanc ou presque n'accepte ce genre de critique, n'accepte ne serait-ce que d'écouter ça (et je ne parle pas de le penser, ça va de soi).
Comment faire face à un tel déni, sinon effectivement instaurer un rapport de forces pour être entendu ?

Ceci dit, j'admets qu'il existe un risque réel que son discours soit compris par nombre d'adeptes comme un racisme anti-blanc. Et vu que la fille est intelligente, ce risque elle est censé le connaître. Et tel est là LE point qui peut poser effectivement problème dans sa démarche (je l'avais déjà souligné dans le lien cité).
Notons sa réponse sur le sujet : elle veut fédérer une puissance politique, et donc un rapport de force, sans lequel personne n'écoutera jamais la voix des "indigènes". On en pense ce qu'on veut mais ça se tient (y'a qu'à voir les gilets jaunes). Elle envisage ensuite des alliances politiques (avec NPA par exemple).
Enfin n'oubliez surtout pas, Joffrin, dans la soif d'absolu qui vous fait ne jamais vous aventurer hors de la théorie, que ça craint un maximum, ce qui se passe "en vrai" entre l'état français et en particulier les musulmans depuis le 11 septembre : toute cette stigmatisation récurrente, permanente, à droite à gauche (Sarkozy, Valls).

Ce différentialisme à connotation raciste aboutit à des contorsions grotesques. Houria Bouteldja établit une hiérarchie des victimes et des crimes selon l’appartenance ethnique des protagonistes. Le viol d’une "racisée" par un "Blanc", écrit-elle, serait plus grave que le même viol pratiqué par un "racisé" sur sa sœur "racisée" ou sur une «Blanche». De la même manière, tout en proclamant leur attachement à la liberté d’expression, ces militants refusent toute solidarité avec les victimes de Charlie Hebdo pour la simple raison que le journal s’est attaqué par ses dessins à la religion d’une minorité opprimée.
Vu vos contorsions à vous, mieux vaut commencer par dire que je ne pense pas que Bouteldja fasse l'apologie du viol, ok ? Ceci précisé, je reprends. C'est vrai qu'elle pousse parfois loin la provoc, la petiote (mais qui l'écouterait sinon). Sur cet exemple précis, donc, voilà comment à mon avis on peut l'interpréter. Posons que pour elle, un violeur noir ou arabe, c'est un très sale con qui traite une femme (et donc les femmes) comme un torchon, en se foutant parfaitement de ce qu'elle ressent. Ce que peut-être elle ajoute, c'est qu'un blanc qui viole une noire, il y a des chances que - en plus d'être le même sale con - il "se fasse une négresse". Ça veut dire quoi ? Qu'il viole celle-là PARCE QUE elle est noire. Et que donc, ce soit même plus une histoire de "torchon" et d'indifférence, mais pire : d'un rapport à l'humanité... que ce soit plus une femme en tant qu'être humain qui soit violée mais une sorte de sous-être. Et si tel est le cas, oui c'est pire. Enfin moi je vois bien la différence !
Quant à un "refus de solidarité envers les victimes du Bataclan", si vous croyez vraiment que la moitié du monde s'est réunie juste pour vous dire à vous, Joffrin, son soutien à la liberté de la presse, vous rêvez. La moitié du monde s'est réuni pour dire que ce genre de massacre est proprement dégueulasse (et qu'on n'allait pas se laisser faire). Donc dire "je ne suis pas Charlie", ce n'est en rien dire qu'on trouve une telle horreur justifiable (ce que vous sous-entendez de façon odieuse), c'est ne pas convenir comme vous qu'on peut tout dire jusqu'à cracher sur le sacré des gens, au vu de je-ne-sais quel autre "sacré" que serait vôtre, à savoir la liberté de la presse. C'est votre sacré contre celui de l'autre (et d'ailleurs la liberté d'opinion est encadrée par l'interdiction des appels à la haine etc).
Bref, ce que Bouteldja  revendique, c'est que le "sacré" de ses racines, qui participe de la mémoire de son identité, soit respecté : qu'elle puisse référer à autre chose qu'à son identité "d'indigène" pour savoir qui elle est. Vous avez à y redire quelque chose ? Vous voulez aussi ré-écrire le Coran pour que "les sauvages" comprennent l'universel ?
Bref on a le droit de faire des procès d'intention en démocratie, mais ça implique alors l'effort minimal de prendre un maximum de précaution et de rigueur dans la façon de faire, faute de quoi ça peut tourner au n'importe quoi voire à la pure calomnie. Question de dignité, oui.

Les juifs, bien sûr, occupent une place à part dans ce pandémonium essentialiste. Rangés tout uniment parmi les «dominants», «blancs» eux-mêmes, ils forment un groupe suspect qui intimiderait la gauche en excipant à tout propos le génocide dont ils ont été victimes pour consolider l’Etat d’Israël et justifier leur position supposément dominante. Figure classique de l’antisémitisme contemporain.
C'est faux. Ce qui est dit, c'est que l'occident réserve aux juifs une sorte de statut privilégié par rapport au celui habituel réservé aux autres "indigènes", au vu de la Shoah. Bouteldja enchaîne que les juifs auraient leur place dans son mouvement, mais à condition de se présenter en tant qu'élément d'une minorité racisée, soit son combat (anti-raciste rappelons-le) à elle. Sauf incompréhension de ma part, elle a en outre une théorie comme quoi les juifs se tapent une haine de la part de pas mal de monde (et de musulmans au passage) à cause de la politique d'Israël, qui serait télécommandée selon elle par l'Occident (enfin quelque chose de cet ordre, on peut en lire plus ici, si ça intéresse).
Vous avez parfaitement le droit de pas la croire Joffrin, pas celui de trafiquer ses propos (vous ou Boucher).
(reviens July)
Un autre exemple ? Le PIR (son mouvement donc) dénonce ici Zemmour pour avoir (je cite) : "exonéré Pétain de toute responsabilité dans la déportation des Juifs". C'est un propos antisémite ça ? Pas chez moi.
Pour finir, et juste avant de conclure, vous vous débrouillez pour empiler en cinq lignes viol, terrorisme et antisémitisme. C'est peut-être un effet de style efficace selon vous, mais surtout jamais étayé... ou en fait uniquement par le point de vue que vous avez sur elle, comme quoi elle serait raciste, et rien d'autre (c'est le même genre de procès d'intention qui est fait à Tariq Ramadan).

Au bout du compte, montre Manuel Bouchet, ces thèses qui ressortissent du «racisme antiraciste» ont pour but d’importer en France le modèle multiculturaliste des pays anglo-saxons (dont on constate chaque jour les formidables réussites dans l’Amérique de Donald Trump…), sur fond de guerre civile froide entre communautés hostiles. Perspective dangereuse pour Bouchet, pour qui seul l’universalisme des droits humains fournit une base solide à la lutte antiraciste et qui conclut ainsi sa patiente et précise démonstration : «Combattre les processus d’oppression sociale, économique, culturelle et raciste ne peut en aucun cas s’accorder avec des logiques populistes tiers-mondistes et racialistes sous peine d’alimenter le cercle vicieux des haines identitaristes.»
On ne saurait mieux dire
Euh, "ressortent" a priori, pas "ressortissent". Pour la parenthèse c'est pareil, se relire avant de publier : c'est où la "guerre civile froide", aux Etats-Unis, en Angleterre, en France, dans le monde ? Bref.
Pour ce qui est du modèle communautariste à l'anglaise, moi j'en ai rêvé : j'ai rêvé d'une "Little India" quelque part en France, où je pourrais oublier le pli donné par la bêtise de l'arrogance universaliste et j'en passe. Alors je peux comprendre les trouilles suite aux attentats, mais de faire de ces seuls événements l'argument pour dire qu'il faut se mélanger pour éviter le pire, c'est tout simplement relayer des odeurs ambiantes qui font de tout musulman un terroriste en puissance. Pour tenter à le dire avec le plus de courtoisie possible : c'est complètement nul, votre laïus !



Vous savez quoi, Joffrin ? C'est juste un scandale de lire des trucs pareils dans Libération.

Reprenons. Vous partez du préjugé que Bouteldja serait raciste. C'est possible mais rien ne le prouve, et son discours est parfaitement cohérent dans une optique où elle ne le serait pas. Moi je dis juste que quand elle dénonce la prétention occidentale à l'universalisme, je suis d'accord. Et c'est là que vous perdez les pédales. C'est là qu'il est juste impossible de parler avec n'importe quel blanc ou presque sans recevoir une bordée d'insultes quand c'est pas une démonstration en règle de haine pure.
Personne n'est prêt à prendre en compte ce que Foucault définit comme l'épistémè : "on pense à l'intérieur d'une pensée anonyme et contraignante qui est celle d'une époque et d'un langage". Enfin si, le prendre en compte pour "l'autre", ça oui... ou encore pour éventuellement dire l'Histoire. Mais jamais pour l'Occident, pour soi, là, maintenant : jamais (je dis pas que ce soit pas facile, remarquez).
Donc il n'y a toujours pas de contexte en Occident, l'Occident c'est pas un contexte. Il y a juste un machin binaire qui fait savoir (vrai/faux, savoir/ignorance etc).
Bouteldja dit vouloir récupérer un bout de mémoire autre que celle de son histoire "d'indigène", son histoire racialisée, mais "en face", c'est l'amnésie générale (une amnésique demande donc à des amnésiques de lui restituer la mémoire que ceux-ci lui aurait volé... ce serait presque drôle si elle ne ramassait pas de la haine de partout).


Et l'universalisme, c'est quoi là-dedans ? La folie du dernier mot accordé à la pensée et elle seule, le diktat de la raison sur le sensible, etc. On n'en sort pas. Autant de problèmes que personne ne semble prêt à penser, qui surtout n'évoque strictement rien à personne. La phrase de Foucault citée plus haut, lui-même la poursuit ainsi : "la tâche de la philosophie actuelle, c'est de mettre au jour cette pensée d'avant la pensée, ce système d'avant tout système".
Philosophons donc, en attendant de trouver des interlocuteurs (le peuple manque).


Pour se faire une idée, on peut lire ici une interview de Bouteldjah.

Ou encore : Je viens de passer trois heures en écoutant ce lien (et les suivants). Ça s'écoute très bien. Et si n'importe qui fait de même et en sort en assimilant ces filles au genre de beauté de la famille Le Pen, c'est soit qu'il est complètement abruti soit un sacré faux-cul. C'est tout ce que j'ai à dire.
(si c'est ça, être raciste...)









chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Jeu 17 Jan 2019 - 10:56

Houria Bouteldja II


"Non, la pensée décoloniale ne menace pas la République"

TRIBUNE. Dans la tribune des "80 intellectuels" contre la pensée décoloniale publiée par "Le Point", la virulence de la vindicte n’a d’égale que l’appel à la censure de la part de ceux qui se réclament à cor et à cri des valeurs républicaines, des Lumières et de la liberté d’expression. Les belles Lumières que voilà.

Dans ce registre, il y a plus et pire. Toutes celles et tous ceux qui vouent une part essentielle de leur existence à lutter contre le racisme, les stigmatisations et les discriminations se voient tout simplement accusé.es d’être… des racistes. Sans autre forme de procès et avec une violence déshonorante. La méthode est bien rodée et la recette cent fois testée: forger des mots et les agiter pour en étiqueter les adversaires, jeter ainsi la suspicion et, par-dessus tout, inquiéter.
Dans la tribune, ces mots balafrés défilent en cortège: "racialisme, différentialisme, ségrégationnisme". Evidemment, ce sont des mots plaqués, énormes et dénigrants. Mais au-delà du vocabulaire, il y a un vrai biais de pensée, dont on ignore s’il est inconscient ou volontaire. Faisons d’ailleurs l’hypothèse qu’il y a parmi les signataires des personnes sincères. Et répondons-leur.

Ce ne sont pas les concepts qui doivent faire peur, et surtout pas à des «intellectuels». C’est vrai, l’approche décoloniale utilise le mot «racisé». Le concept de «racisation» a été forgé en 1972 par la sociologue Colette Guillaumin, qui analysait les processus d’infériorisation et de stigmatisation touchant les personnes non blanches dans les sociétés occidentales. Elle insistait alors sur le fait que la «race» n’a aucune valeur scientifique, aucun soubassement biologique, aucun fondement naturel. Mais, soulignait-elle, "c’est très exactement la réalité de la race. Cela n’existe pas. Cela pourtant produit des morts". Depuis lors, le mot « racisé » s’est imposé, par la mobilisation des concerné.es. Il ne désigne en rien une essence ou une identité, mais bien une expérience: un rapport social. Cette année, il vient d’ailleurs d’être consacré par le dictionnaire «Le Robert».

(voir la suite ici)


Bravo à l'Obs d'oser publier ce genre de texte (le moralisme a quand même des avantages). C'est que j'étais justement en train de confectionner une réponse à un article parfaitement indigne sur la pensée décoloniale publié... dans l'Obs !

Je la livre donc ici (désolé, c'est long)



Après Libé et Joffrin, c'est au tour de l'Obs. L'inquisition décide donc d'inviter Bouteldja à débattre avec Gilles Clavreul, un ancien proche de Valls, nommé un temps par ce dernier "directeur interministériel de la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et l'homophobie".

Ambiance moderne. Fini les juges emperruqués juchés en haut d'une estrade, la sauvageonne elle-même n'apparaît pas enchainée, sympa. Tout le monde est invité à s'installer et l'on se propose de commencer le débat. Mais quelque chose cloche pour Bouteldja : la Cour n'en aurait pas oublié un léger détail ? Mais si bien sûr : se présenter ! La sauvageonne archaïque a l'aplomb de le faire (gentiment) remarquer. Rires gênés, excuses en règle, pas de souci pas de souci* ah ah ! L'omission est réparée : lui c'est Machin, l'autre c'est Truc etc... bon, maintenant tu peux t'asseoir Bamboula (s'cusez, j'suis taquin).

Les règles du jeu semblent ensuite respectées comme il sied. On peut écouter le débat ici, Bouteldja l'ayant enregistré (deux précautions valent mieux qu'une). Apparemment une discussion courtoise donc (maître mot de la modernité branchée), qui a toutes les apparences de la parité. A la fin, ce petit monde se sépare apparemment gentiment. Enfin bref, suffit d'écouter le lien. Bouteldja et Clavreul sont avertis qu'il pourront relire le compte-rendu du débat avant qu'il ne soit édité, voire y apporter des modifs. Exit Bouteldja.

Et dès qu'elle a le dos tourné, ça commence : nos juges remettent leur perruque (ils se sentent plus eux-même avec) et se retirent conciliabuler entre soi de la façon dont on va juger la sauvageonne exotique. La mascarade est terminée, on se détend. Le verdict ? On peut lire ici dans l'Obs sous forme d'introduction, mais (pour les non-abonnés), on le trouve en entier ici sur le site du PIR.

Certes les propos sont respectés, pas de souci pas de souci : Bouteldja en prendra connaissance tel qu'il a été dit. Ce qu'elle ne sait pas par contre, c'est comment la très sainte inquisition va présenter le truc. Ben quoi c'est qu'il faut informer le lecteur (ce con), qu'il ne se laisse aller à imaginer qu'il puisse juger de lui-même sur pièce, sinon à quoi qu'on sert hein, je vous l'demande !

Plus besoin de courtoisie donc : on passe aux choses sérieuses !
Et là c'est l'horreur (si vous avez un sac à vomi, gardez-le près de vous). Voyez plutôt (en intégralité) :

Faut-il donner la parole aux extrémistes, au risque de leur offrir le moyen de propager leurs idées ? La question se pose depuis le début des années 1980, hier avec Jean-Marie Le Pen, aujourd'hui avec les défenseurs de thèses racialistes. "Le Nouvel Observateur" n'a jamais interviewé le fondateur du Front national. Pourquoi donnons-nous à présent la parole en débat à la cofondatrice des Indigènes de la République, parti essentialiste, né en 2005, qui ethnicise le débat et affirme, ici même, se situer en dehors du cadre républicain ?

Tout simplement parce que cette idéologie divise et contamine d'abord et avant tout, notre camp, celui de la gauche. Certes, la mouvance décoloniale n'existe pas sur le plan électoral, au contraire du parti lepéniste. Mais elle bénéficie de relais complaisants dans les médias de gauche, et dans certains milieux universitaires, proches des gauches radicales.

Projetons-nous un instant en 2020, année des élections municipales, à l'occasion desquelles le Parti des Indigènes de la République "ne s'interdit rien". Dans les rangs socialistes, on s'inquiète déjà de la possibilité d'ententes locales entre certains élus de gauche et des militants décoloniaux. A tort, peut-être. Mais, comme on sait, le clientélisme politique est aussi une grande machine à recycler les extrêmes.

Il nous semble donc important que chacun connaisse les thèses développées par ce microparti, combattues ici par Gilles Clavreul, ex-délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme. Porte-parole au talent rhétorique indéniable de la théorie décoloniale, Houria Bouteldja professe la haine de l'Etat-nation. En embrouillant le débat par de savants syllogismes et un lexique très personnel, elle joue à l'envi sur le champ sémantique de l'antiracisme de manière à se dédouaner de tout racisme anti-blanc…

Elle se défend d'être antisémite, mais, pour expliquer qu'il n'y aurait de vrai racisme que d'Etat, elle ne craint pas de recourir à des comparaisons glaçantes, comme celle des "indigènes judéophobes (sic) [qui] n'ont pas les moyens d'affréter des trains pour Auschwitz"… Pour elle, les "indigènes" ne peuvent être que des victimes… même lorsqu'ils s'appellent Mohamed Merah !

Il est aussi utile de rappeler que, d'après elle, la répression qui vise les homosexuels dans bon nombre de pays musulmans est le simple résultat de l'influence occidentale et de ses "normes hétéro-sexistes"… Et de savoir qu'elle dénonce désormais un nouvel "impérialisme gay".

On peut trouver délirante la prose de madame Bouteldja. Elle est en tout cas instructive. Et ceux qui seraient tentés, le cas échéant, par un compromis avec son mouvement ne pourront pas prétendre l'ignorer.

Carole Barjon et Sara Daniel
Ouf !
(vous pouvez vous rincer la bouche)

On comprends mieux maintenant que les juges aient oublié de se présenter : ils étaient psychologiquement occupés à donner le change ! Un débat à l'Obs, c'est comme passer devant la justice française ou chez les flics : vous êtes convoqué sans forcément savoir pour quel motif, et évidemment les flics déclinent rarement leur identité ("enchanté brigadier, moi c'est Confucius Chapati").

Grace aux protestations de Bouteldja sur son site (lien plus haut), nous est permis de voir l'envers du décor. Alors oui, j'ai tendance à la croire (puisqu'on fait le même genre de constat). Disons que c'est mon impression. Si par hasard c'était eux qui avaient raison et moi tort ; si Bouteldja était la personne raciste et haineuse qu'ils se complaisent à décrire, il va de soi que je ferai ici-même un mea culpa. En attendant, ce que j'en lis (et en vois : voir les vidéos postées un peu au dessus) m'incitent à penser qu'elle est une fille bien. Pour le reste (les doutes éventuels sur une partie de son constat) j'en dis un mot en toute fin de post.

Son site relate l'intro en question ainsi : "Nous l’avons invitée en nous bouchant le nez mais attention, c’est un acte de salubrité publique" ; ou encore : "Les indigènes sont antisémites, homophobes, racistes". Charmant, clair, synthétique. Mais on peut développer, et moi j'ai envie de le faire parce qu'une gauche presque entièrement réunie pour traiter une anti-raciste de raciste, ça me dégoûte profondément.


Voyons ce que ça donne :

Faut-il donner la parole aux extrémistes ? La question se posait hier avec Jean-Marie Le Pen,  aujourd'hui avec la cofondatrice des Indigènes de la République, parti qui ethnicise le débat et affirme se situer en dehors du cadre républicain.
Bouteldja associée à Le Pen, ça commence fort !


Porte-parole au talent rhétorique indéniable, Bouteldja professe la haine de l'Etat-nation.
Associer Bouteldja à "haine", ça c'est du bel effet de style miam miam. Bouteldja affirme qu'existe un racisme d'état, vous traduisez qu'elle est haineuse. Et en quoi s'il-vous-plaît serait-il "haineux" de dire du mal de l'état ? D'autre part, à l'instar de la violence (autre cheval de bataille actuel du politiquement correct), la haine est-elle désormais condamnable en soi ? Ne serait-on plus en droit de haïr... par exemple la guerre ? Ohé l'Obs, est-on en droit de haïr la guerre ou pas ? Et le racisme l'Obs, on a le droit de le haïr ?


En embrouillant le débat par de savants syllogismes et un lexique très personnel, elle joue à l'envi sur le champ sémantique de l'antiracisme de manière à se dédouaner de tout racisme anti-blanc.
Là c'est carrément mensonger et malhonnête.
Et je vais le montrer.

Un "lexique personnel" en français ça s'appelle une interprétation non normative, non agréée si vous préférez. Et c'est exactement ce que vous-même avez commencé par reconnaître de par les termes employés dans votre question à Bouteldja, je cite : "N’est-ce pas votre terminologie qui pose problème ? En France, le terme de “race” est le plus souvent compris dans son sens biologique".
Ce qui veut dire qu'on peut interpréter le terme de race de plusieurs façons, non ?
Bon.
Or qu'est-ce qu'on retrouve de cette idée dans l'introduction-conclusion : strictement RIEN, ou plutôt très précisément l'exact contraire : l'emploi du terme de "race" est désormais posé en norme (biologique, scientifique). Sinon, qu'est-ce donc que  Bouteldja refuserait à partir d'un "lexique personnel" ?
Je suis clair, là ?

Le problème devient donc : pourquoi alors avoir pris ces précautions sémantiques lors de la question à Bouteldja ? Parce que si l'usage du terme de "race" ne peut référer qu'au biologique, c'était très simple de poser la question comme suit : "N'est-ce pas votre terminologie qui pose problème, alors que l'usage du terme est biologique ?"
Bref, vous voilà prises en flagrant délit de manipulation : soit le terme de "race" est compris comme biologique ; soit c'est "le plus souvent" qu'il est compris comme tel, et par exemple "en France", etc. Mais pas les deux en même temps : c'est incompatible !
Vous comprenez ou rien ?

Sauf qu'en plus, c'est pas "en même temps" avec vous... et là la malhonnêteté devient indiscutable : vous avez posé les règles du jeu dans votre question à Bouteldja et une fois celle-ci partie (et donc ne pouvant plus répondre), vous avez trafiqué en douce entre vous les-dites règles, pour dire que - finalement - n'existe pas d'autres acceptions possibles au terme de "race" que "biologique". Et hop, ni vu ni connu je t'embrouille !

Bon allez (après mille ré-écritures) je suis sympa, vous n'en êtes sans doute pas conscientes. Juste vous ne comprenez rien à ce qu'elle raconte, ce que vous avez vous-même avoué au moment de son départ (voir lien audio), en disant qu'il allait vous falloir un peu de temps pour remettre à l'endroit son lexique. En clair, vous connaissiez rien au sujet quand c'était votre boulot de vous informer ! Quant à votre définition de "race", on dira qu'elle est peut-être remontée toute seule : on vous a appris à penser le terme comme ça, pas votre faute. N'empêche ça vous empêche pas de penser. Et ça vous a pas empêché d'établir un jugement sans appel, peut-être donc en ne comprenant rien à ce qu'elle dit ! (je n'ai plus de patience)


Après l'avoir un peu étayé avec Joffrin, je rappelle encore qu'en outre, l'usage en question du terme de "race" est partout conforme à celui qu'en fait Bouteldja... c'est-à-dire pas à base de "savants syllogisme", les filles. Partout sauf en France donc, où l'on a mis le mot sous le tapis : interdit de dictionnaire, grâce à l'intelligence supérieure qui nous caractérise et nous fait dire qu'il suffit de virer le mot race (ou pauvreté hein, pourquoi pas), pour en finir avec le problème. Pas de souci, pas de souci ! Bref, il est factuel que partout dans le monde, le terme de "race" est employé de deux façons (ni une, ni trois). En terme biologique, en gros par les racistes ; en terme global pour le reste de la planète : soit comprenant des facteurs géographiques, de couleur de peau bien sûr, mais aussi culturels, etc.


Elle se défend d'être antisémite, mais, pour expliquer qu'il n'y aurait de vrai racisme que d'Etat, elle ne craint pas de recourir à des comparaisons glaçantes, comme celle des "indigènes judéophobes (sic) [qui] n'ont pas les moyens d'affréter des trains pour Auschwitz"
Bah c'est juste de la provoc ! (elle est comme ça, l'autre choupette)


Pour elle, les "indigènes" ne peuvent être que des victimes, même lorsqu'ils s'appellent Mohamed Merah !
Non, c'est dégueulasse de dire ça. C'est honteux.


Il est aussi utile de rappeler que, d'après elle, la répression qui vise les homosexuels dans bon nombre de pays musulmans est le simple résultat de l'influence occidentale et de ses "normes hétéro-sexistes"… Et de savoir qu'elle dénonce désormais un nouvel "impérialisme gay".
Encore bravo pour ce nouveau tas de boue (heureusement que vous êtes dépourvues de haine, sinon qu'est-ce que ça serait !). Juste une toute petite question, à propos de procès d'intention : savez-vous seulement qu'on pourrait un jour vous attribuer le même traitement... ou pas encore ? Que ça donnerait quelque chose du genre : êtes-vous racistes à ce point pour oser trafiquer ainsi les propos d'une femme musulmane ? Ça fait bizarre dans l'autre sens, pas vrai ?
Ben à Bouteldja, peut-être que ça lui fait bizarre aussi... non ?
(...)



Bon je sais, c'est long. Je suis littéralement épuisé par l'ambiance haineuse qui règne dans toute cette histoire. Ainsi, écœuré, j'ai un moment viré d'un coup les 3/4 de mes commentaires. Je livre ce que j'ai gardé :


L’Obs : Au coeur de votre différend, il y a le concept de "race". Qu’entendez-vous par ce mot ?
Bouteldja : Il faut être clair : la race biologique n’existe pas. J’emploie les mots “Blancs”, “Noirs” ou “Juifs” au sens de constructions socio-historiques, comme le genre. Personne n’est choqué par l’idée que les rôles dévolus aux femmes et aux hommes sont des produits de l’Histoire. Eh bien, la race, c’est la même chose. Les Blancs et les Noirs ont été “inventés” lors de l’expansion coloniale. Il a alors fallu justifier le génocide des Indiens et la mise en esclavage des Africains en théorisant leur infériorité (etc). La blanchité n’a rien à voir avec la génétique, c’est un rapport de pouvoir.
Elle le dit le répète, tout le monde s'en fout. Outre donc la réaction publiée aujourd'hui (voir au début), notons que Deleuze dit des choses du même genre, sera-t-il traité un jour de terroriste par les grands intellectuels de l'Obs ? On sait jamais. Bref, je le cite :
La tribu-race n’existe qu’au niveau d’une race opprimée, et au nom d’une oppression qu’elle subit : il n’y a de race qu’inférieure, minoritaire, il n’y a pas de race dominante,, une race ne se définit pas par sa pureté, mais au contraire par l’impureté qu’un système de domination lui confère. Bâtard et sang-mêlé sont les vrais noms de la race. Rimbaud a tout dit sur ce point : seul peut s’autoriser de la race celui qui dit : "J’ai toujours été de race inférieure, (…) je suis de race inférieure de toute éternité, (…) je suis une bête, un nègre".

http://lesilencequiparle.unblog.fr/2009/02/23/y-a-t-il-moyen-de-soustraire-la-pensee-au-modele-detat-gilles-deleuze-felix-guattari/
Des races donc, culturelles donc, opprimées donc. Et puis une norme, des normes (pas de race dominante).


Clavreul : Vous dessinez un schéma extrêmement binaire entre un Nord forcément dominant et un Sud toujours dominé. Or, le fait colonial et l’esclavage existaient avant 1492.
Bouteldja : Nous faisons une différence fondamentale entre l’esclavage et la traite négrière. L’esclavage, effectivement, a toujours existé, seulement, il n’était pas racial : les Arabes mettaient en esclavage aussi bien des congénères que des Africains ou des Européens, qu’on ne nommait pas alors Noirs ou Blancs. La race n’a jamais été théorisée par les Arabes ou d’autres sociétés esclavagistes.
La réponse de Bouteldja est formidable (en tous cas moi, j'y avais pas pensé). La politesse élémentaire eût été que l'interlocuteur lui accordât un satisfecit. En lieu et place, notre homme se précipitera pour récupérer une nouvelle brouette de fumier... ils sont comme ça, les potes à Valls.
Je note ça parce que lors d'une ancienne discussion sur Bouteldja (au moment où j'apprenais son existence), j'avais moi-même argumenté la même chose que ce si sympathique Clavreul, avec donc l'esclavagisme non-occidental (voire arabe). On ne m'avait rien répondu d'intéressant. Mais ma réponse, je l'ai désormais, et elle crève les yeux : en effet, c'est pas les arabes (ni les grecs) qui ont inventé le Code Noir ou Torquemada !


Clavreul : Stratégiquement, le PIR vise à fracturer la gauche pour entraîner sa recomposition autour de cette idée de lignes raciales.
Fracturer la gauche, enfin un peu d'humour, quel bonheur ! La gauche n'a pas attendu Bouteldja pour être en morceaux, mon brave. Par contre on ne peut pas dire que ton mentor à toi, Valls, n'y soit pour rien : après son passage, le plus gros morceau pèse aux dernières nouvelles 6% ! Allez, tous ensemble : olé !


Et Bouteldja de terminer le "débat" en finissant ainsi :
Les choses étant dites, vous êtes responsable de ce que vous comprenez.
Magnifique : on ne peut mieux répondre !




PS : un doute subsiste quand même chez moi. Il me semble que Bouteldja doit creuser pour éviter l'ambiguïté de laisser entendre que "l'universel" viendrait de "colonial" : l'universel n'est pas juste un concept stratégique découvert à l'occasion de la colonisation (et c'est pas seulement un "eurocentrisme" qui doit être combattu). Personne certes ne peut nier qu'il fasse plus ou moins office de but ou de référence dès qu'on dit quoi que ce soit sur l'homme. Le problème, c'est se l'approprier, c'est-à-dire de considérer quoi que ce soit ayant trait à lui comme acquis. C'est l'acte d'appropriation individuelle de l'universel qui est inacceptable.
Et ça ça vient de loin, ça date pas du tout de la colonisation (déjà Platon etc). Peut-être que Bouteldja doit réfléchir à ça.
(je radote : raison universelle vs sensible etc)
On peut le formuler autrement : le vrai n'est pas la résolution du relatif, mais une vérité au sein du relatif. Et c'est ce type de vérité qui seul peut s'inscrire "objectivement" dans un champ universel de savoir.


Bon, voilà. C'est fini. J'aère et j'arrête de me relire, ça finirait jamais.

pig



EDIT : pour ceux que ça intéresse, on peut par encore lire ici une interview très bien faite de Bouteldja.


* "Pas de souci pas de souci", oui moi aussi l'expression m'horripile. Aussi pour vous récompenser de cette éprouvante lecture, je glisse ici un sketch d'une autre que ça semble non moins horripiler :

https://gloria.tv/video/dQM4r7iyjzp66FAP7GNyJy2kH

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Jeu 17 Jan 2019 - 10:57

Joffrin : petites boites et art de la suggestion.


Nouvel édito ici, résumé par mes soins.
Plaidant pour le référendum d'initiative populaire demandé par les gilets jaunes, Ruffin rendu un hommage appuyé à un certain Etienne Chouard, qui réclame l’instauration d’un RIC. L’ennui, c’est que ce Chouard s’est distingué en reprenant à son compte les thèses conspirationnistes à propos du 11 septembre. Chouard a ensuite montré une grande sympathie envers les thèses d’Alain Soral, antisémite officiel. Toutes choses qui ne semblent pas troubler Ruffin.
Ruffin rend donc hommage à Chouard. Chouard qui lui-même reprend des thèses conspirationistes contre la gentille Amérique, mais surtout aurait éprouvé de la sympathie envers Soral, un type aux idées certes peu recommandables.


D’anciens faits et gestes du député picard sont à cette occasion remontés à la surface. Par exemple, son utilisation du mot «quenelle».  Ses références à Chouard et à Dieudonné sont, au mieux, un clin d’œil à tout ce petit monde de la conspiration, de l’antimédias, de la haine des élites.
Ruffin aurait donc utilisé le mot "quenelle" dans le sens de Dieudonné (pour dire quoi, on sait pas). Ce serait "au mieux" un clin d'œil. A qui ? Joffrin en profite pour suggérer... "un petit monde" donc, celui des adeptes de "la conspiration", ceux qui se posent des questions sur les (ré)actions de Bush junior à propos du 11/09. Et accolé à "conspirationnistes", les "antimédias" puis ceux qui haïraient les élites (indubitablement son cauchemar).
C'est ça les petites boites, ceux qui pensent comme ça et finissent par prétendre en arriver à définir qui est qui en terme de "boites" (il est pas le seul mais bref). L'élite, on a évidemment compris que c'était lui. La suite de cette pensée éminemment profonde, c'est que si l'on se pose des questions sur ces attentats, c'est donc qu'on est conspirationiste, et donc qu'on pense que les journaux font partie de la-dite "conspiration" ! Voilà voilà. C'est comme ça la pensée en boite(s). Qu'on se pose la question des attentats sans remettre pour autant la "bonne foi" de nombre de médias, ça lui traverse pas même l'esprit, à notre fin psychologue.
(j'admets qu'il peut se défendre en disant qu'il s'agit là d'une grande boite hétéroclite : petites boites, grandes boites alors, ça change rien)

Ruffin veut mélanger sans précaution le jaune des gilets au rouge et au vert de sa rhétorique d’extrême gauche. On voit, dans son cas, ce que donne un tel mélange de couleurs : du brun.
C'est là qu'il craint, notre psycho-rigide de gauche devenu moraliste avec l'âge (et/ou l'évolution tragique du PS). "Du brun"... tout ça pour ça ! Tout ça pour dénigrer une fois de plus Staline Mélenchon et ses sbires (les "méchants"). Pour suggérer (avec tant de finesse) une couleur "brunâtre" à Ruffin, sbire inquiétant de l'abominable ogre populiste. C'est nul, Joffrin. Il y a quelques jours, tu ironisais sur les egos empêchant la gauche (la vraie), bon c'était gentiment torché. Mais dans tes velléités de passer de 6 à 12% et de te sentir extra bien dans ta peau suite à un événement aussi merveilleux, t'avais oublié Mélenchon dans "la gauche", comme si c'était le diable (penser un jour à taper sur Mélenchon quand même, sinon on va croire que je suis dans cette boite).




Voilà.
Mais juste que si on faisait comme toi, ça pourrait donner quoi, à ton avis ? (dans la série "droit dans mes bottes et jamais pris en terme d'incohérence") Ben ça pourrait par exemple donner le commentaire d'un de tes éditos du mois d'avril (ici) :


Tariq Ramadan a chaud aux plumes. Il apparaît  que les relations dont excipaient les plaignantes avaient une réalité tangible, sous la forme d’une robe tachée, de SMS, d’enregistrements et de vidéos. Panique dans les comités de soutien et chez les pétitionnaires. L’islamo-gauchisme est en deuil. Dans une pétition publiée par Mediapart signée par une pléiade d’intellectuels, les auteurs suggéraient avec insistance que Ramadan était la victime d’une «instrumentalisation» de la lutte des femmes et que la justice dans cette affaire était partiale, dans la mesure où elle traitait plus durement un musulman qu’un autre justiciable...
Tss tss... l'islamo-gauchisme identifié au comité de soutien de Ramadan ? Dans le genre "logique de boites", on pourrait en déduire pareillement (eh oui) que la présomption d'innocence, c'est l'apanage de l'islamo-gauchisme, je te signale (!). Encore une fois, les choses sont plus compliquées que ta prose, Joffrin. Une pétition, dis-tu, "suggère avec insistance" que Ramadan serait victime de la lutte des femmes. Pour faire du poids, il suffisait d'étayer avec par exemple un texte néo-féministes qui se serait insurgé contre le non-respect de la présomption d'innocence. T'as rien trouvé ? Pas de chance hein ! Sinon la pétition suggère aussi que la justice serait partiale ? Faut voir... c'est que la suite des faits a l'air de te donner tort ; en tous cas rien n'indique qu'elle ne le soit pas dans cette affaire, et ce sept mois de détention plus tard (rappelons que l'article est écrit environ deux mois après l'enfermement de Ramadan). Juste une chose : t'a-t'on entendu dire une fois, toi aussi, que ça faisait beaucoup, huit mois, pour un présumé innocent ? Je me trompe peut-être, mais pas à ma connaissance (en dehors de notes éparses mises peut-être pour te protéger de procès d'intention). Alors, QUI est partial là-dedans ?

... Prolongement pratique des thèses en vogue dans l’extrême gauche selon lesquelles nous serions confrontés à un «racisme systémique» ou, encore pire, à un «racisme d’Etat».
Non non, toujours pas. L'amalgame est foireux. D'abord si tu avais lu Bouteldja, tu saurais qu'elle ne s'en prend qu'à la façon de bafouer la notion de présumé innocence, qu'elle tape certes aussi sur la justice, mais qu'elle ne prend jamais position pour dire que Ramadan serait innocent. Je répète : c'est plus compliqué que des boites, les gens. Donc ton attaque au pif sur les décoloniaux tombe aussi à l'eau (hors-sujet) !

Or il apparaît que si la justice met en cause Ramadan, c’est sur la base d’éléments sérieux et que s’il est maintenu en détention, notamment pour éviter qu’il puisse faire pression sur les plaignantes, comme le laissent à penser certains de ses SMS. Ramadan est présumé innocent. Mais il y a contre lui des indices concordants qui demandent éclaircissement. Nul racisme dans ce cas, mais une procédure classique.
D'éléments sérieux, t'es bien sûr ? Ramadan aurait envoyé des sms, peut-être violents voire menaçants c'est possible, et donc c'est "sérieux" ? Suffisamment sérieux pour mettre un présumé innocent huit mois en taule ? A propos de sérieux, toujours rien donc dans cet édito. Sinon, dans la série "notes éparses" (voir plus haut), j'aime bien le "Ramadan est présumé innocent" au beau milieu du texte, c'est chou. Là on peut noter le point au lieu de la virgule, tu as du hésiter hein. C'est que avec une virgule, ça suggérait : "est présumé innocent mais", ce qui n'aurait pas collé avec l'absolu de la loi (sur la présumé innocence). Pour une fois, tu t'es relu. Une procédure "classique" enfin, qui finira par huit mois de prison, en attendant peut-être l'annulation pure et simple de la mise en examen prochainement. Rien de plus classique, en effet !

Suggérer le contraire, comme l’ont fait ces militants et ces universitaires, c’est remplacer les jugements rationnels par un communautarisme pavlovien. C’est-à-dire tout le contraire des valeurs élémentaires de la gauche.
Suggérer, suggérer, mais il voit donc pas comment il suggère lui, tout le temps ? Et sinon, les "valeurs de la gauche", c'est quoi à propos, le non-respect de la présomption d'innocence ? Et le voilà muet d'un coup, droit dans ses bottes mais muet quand ça l'arrange. Juste pour rire hein (on va pas se fâcher non plus), dans les colonnes de Libé aujourd'hui et à propos de l'affaire Ghosn, on peut lire ici (de la part d'une japonaise enseignante en droit) :
Cet homme n’est pas condamné mais il vit depuis son arrestation le 19 novembre, soit depuis plus d’un mois, dans une cellule étroite et sans confort d’un centre de détention de Tokyo. A mes yeux, cela va à l’encontre des droits de l’homme. Depuis longtemps des voix s’élèvent au Japon, notamment parmi les avocats, pour critiquer ce système. Mais il n’est pas facile de changer les choses. La pression internationale offre une belle occasion de reconsidérer la situation

On attend donc une brillante synthèse de tout ça, Joffrin...


Dernière édition par chapati le Lun 28 Jan 2019 - 7:34, édité 1 fois

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Jeu 17 Jan 2019 - 10:58

Interview d'un directeur d'institut de sondage (dans l'Obs, ici).

Comment expliquez-vous que le soutien aux Gilets jaunes soit longtemps resté massif dans les sondages, malgré la violence présente dans le mouvement ?
L’opinion a majoritairement dissocié les auteurs de violences du mouvement des Gilets jaunes. Parce que beaucoup de gens avaient envie que ce mouvement prospère, par solidarité avec leur colère et par antimacronisme. Si le soutien populaire avait reculé, les choses auraient peut-être tourné autrement. En condamnant les violences tout en soutenant le mouvement, l’opinion rendait l’exécutif coupable de ces violences.
L'interviewé se contente d'un regard 100% politique. Il parle de "solidarité envers de la colère" (expression trop alambiquée pour faire sens) et d'anti-macronisme. En fait, tout le monde refuse l'organisation socio-économique du pays voire du monde, que gauche comme droite ont confortée (ils ont été sanctionnés pour ça aux présidentielles). Bref 80% des gens rejettent ce système, or on est soi-disant en démocratie, et pourtant pas moyen d'en sortir, ne serait-ce qu'un tout petit peu ! Le problème est évidemment là, pas dans le regard des gens sur les gilets jaunes.

Ces dernières années pourtant, la violence d’un mouvement social était souvent un préalable au désaveu de l’opinion. La situation a-t-elle changé ?
Nous sommes dans un mouvement du "monde d’après", là où le mouvement contre la réforme de la SNCF était un mouvement du "monde d’avant", avec un clivage gauche / droite encore marqué autour des grévistes et de la CGT. A l’inverse, le mouvement des Gilets jaunes est de plus en plus soutenu chez les sympathisants France insoumise et Rassemblement national, et de moins en moins chez les électeurs PS, LR et a fortiori LREM.
Même les violences n’ont pas eu d’effet repoussoir. Cela fait des années que nos études sur la psychologie des Français soulignent une hausse de la conflictualité, et une volonté de revanche très forte face à la violence symbolique des décideurs, mais aussi un besoin de collectif. C’est ce qui s’est passé sur les ronds-points : les gens étaient heureux de se retrouver, de ne plus subir.
Un besoin de collectif, la réponse se tient, encore que d'autres soient aussi crédibles (on ne peut résumer d'une formule les non-dits d'un tel mouvement hétéroclyte). L'interviewé aurait pu éviter l'expression de "violence symbolique"... comme si le néo-libéralisme n'avait de violence que symbolique ! Encore un bel exemple de l'influence de mots d'ordres actuels qui passeront dans l'imaginaire collectif : le mot "violence" est de plus en plus assimilé à la seule violence physique. On est de plein pied dans Le Meilleur des Mondes.

En abandonnant plusieurs taxes et en annonçant des mesures sur le pouvoir d’achat, Emmanuel Macron court-il le risque d’une légitimation de la violence politique ?
Il y a de fait une forme de légitimation de la violence politique, puisqu'elle semble ici produire du résultat : certains disent même qu’en quelques semaines, les Gilets jaunes ont obtenu plus que les syndicats en des années… C'est un affaiblissement sans précédent de la culture du compromis et du dialogue social : faut-il saccager l’Arc de triomphe pour être entendu ?
Malgré mes objections, tel est effectivement le cœur du sujet : une violence physique qui finalement est la seule chose qui aboutisse à des résultats. On eût pu conclure que la violence ne comprend que la violence.


A boire et à manger - Page 2 F5d3787_5944179-01-06
C'est une révolution ?  Non sire, c'est une révolte.  (Bastille 1789 - document zygma)

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Jeu 17 Jan 2019 - 10:58

Entre deux grandes prêtresses qui rugissent à l'Obs et le passionnant feuilleton sur les gilets jaunes, qu'il est bon de lire les tas d'inepties qui ça et là fleurissent sur l'Inde, forcément à partir de trois articles de journaux eux-mêmes écrits par des journalistes/touristes fraîchement débarqués sur le sous-continent, et dont finalement on eût pu se passer de payer le voyage pour dire autant de lieu communs tous plus ignares les uns que les autres. Sans rire on préfèrerait avoir vos avis d'expert sur qui de M'bappé et Cavani le PSG devrait garder en cas de coup de règle de la FIFA sur les doigts de l'émir ! Et à propos d'émir, entre le Coran qui régit le quotidien de Djakarta à Mossul et les préceptes bouddhistes vieux de mille ans de plus et toujours aussi prégnants de Colombo à Bangkok, quid de l'influence de la Bible sur les bobos du troisième arrondissement parisien ou cet autre de l'occident, mineur polonais de son état et un samedi soir de paie ? On attend avec impatience les avis des ados nigérians du web pour en débattre sérieusement ! Et à propos de sans transition, quid aussi des journalistes dépêchés à Madagascar pour nous donner des nouvelles de la France-Afrique ? Aucune grande prêtresse détachée là-bas ? Faut avouer, Yann Moix a dit préférer les corps des filles de vingt-cinq ans à ceux des femmes de cinquante, clair qu'on ne pouvait pas laisser passer ça quand même ! Le marchand de yaourts contesterait la victoire du disc-jockey et dans un espace-temps concomitant ses radios seraient mystérieusement brûlées. Or c'est demain, l'intronisation festive. Bizarre, d'autant que ça n'explique pas pourquoi les indiens mangent leur enfant à la sauce curcuma tellement ils ont faim. En tous cas c'était pas dit l'autre jour à la télé quand le type finissait son reportage dans le Royal Lake Hôtel machin-chouette d'Udaipur en nous vantant les beautés éternelles de l'Inde. Suite royale dans les 2000 euros et non 1000 (excusez-moi, j'informais juste le journaliste sur place du cours de la roupie). Ils mangent leurs enfants, vous dis-je, et les filles plus particulièrement qui comme chacun sait sont plus tendres (bien que moins charnues). C'est terrrrrrible quand même !


Vous me croyez pas ? Ben écoutez plutôt : c'est de la musique digestive destinée à apaiser les estomacs des pères après toutes ces séances de cannibalisme rituel (les femmes en général et selon la tradition s'épouillent en se racontant des histoires salaces pendant ce temps) :



chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Ven 18 Jan 2019 - 6:11

Houellebecq : Sérotonine, divinités, os à moelle et petites boites...

Dans "Sérotonine", l’écrivain endosse un nouvel avatar du mâle occidental, homophobe et à la libido en berne de par la prise d'un antidépresseur (qui ne rendent pas homophobes). Une dérive autour de la perte du désir. Le personnage principal a 46 ans et nous raconte sa vie, sa bite, et son échec dans la poursuite du bonheur. C'est un nouvel avatar des mâles occidentaux ordinaires. Désespéré et alcoolique, il abandonne sa compagne, quitte son travail et disparaît sans laisser d’adresse. Il s’installe à l’hôtel, puis rend visite à un ami éleveur en pleine déroute. Sérotonine se présente comme les adieux à sa vie sexuelle d’un narrateur qui revisite les femmes de sa vie.
(livre acheté, pas encore ouvert)


Les néo-féministes ont investi l'Obs jusqu'à la culture  Very Happy . On a donc droit à ce genre de critique :
L’œuvre houellebecquienne est une irrésistible agonie dont "Sérotonine" pourrait bien être le stade terminal. C’est tant mieux. La mort annoncée que chronique inlassablement le romancier, c’est celle de l’homme blanc, figure du dominant, qui depuis des siècles croit que le monde tourne autour de sa jouissance, de son phallus. Le héros en est le dernier avatar. Pour lui, la partie est finie. Son monde s’est effondré avec sa libido. Inadapté au monde, il doit disparaître. Alors, il se laisse glisser.  
Mais a-t-on vraiment envie de s’apitoyer sur le sort d'un «vieux mâle blanc» qui oppose virilité et homosexualité, méprise ceux qu’il appelle les "lopes" ; réduit les femmes à leurs "chattes", aime croire que "tous les hommes souhaitent des filles fraîches", fantasme sur les "petites putes" thaïes de seize ans ? Certains argueront que l’homophobie et la misogynie constituent la part d’humanité de Houellebecq. Mais il y a cette complaisance dégueulasse avec laquelle il décrit une scène de pédophilie. Ce n’est même pas que ça choque ou dérange, mais juste que ça lasse. Cette esthétique du "vieux mâle blanc" est périmée.

https://bibliobs.nouvelobs.com/critique/20181228.OBS7714/houellebecq-ou-le-lent-et-necessaire-suicide-de-l-homme-blanc.html
Je vous assure : c'est une critique littéraire ! Comment expliquer à cette aimable personne que Houellebecq doit s'en foutre comme de sa première culotte, qu'on s'apitoie ou pas sur le sort du vieux mâle blanc ? Que c'est pas le sujet, qu'il y a dans la vie d'autres sujets que nous-les-femmes ? Ça semble assez coton comme entreprise. C'est vrai que Houellebecq et les néo-féministes, ça doit pas être triste dans un sens, un des problèmes étant déjà que tous ces livres parlent de "misère sexuelle", et plus particulièrement en occident, et que pour les néo-féministes ça n'existe pas la misère sexuelle : toute agression dite "sexuelle" n'a par exemple selon elles strictement rien à voir avec la sexualité ! ***
Rolling Eyes
La grande prêtresse délivre donc ses états d'âmes en répondant à une sorte d'entité type Finkelkraut-Onfray-Houellebecq (à la louche). Notons pour l'anecdote (c'est-à-dire le livre, donc) qu'elle relève des mots : "tapette, pédé, chatte" dans la bouche du personnage principal, ce qui est tout caca-moche-ringard, tout comme une scène de pédophilie qui lui évoque une "complaisance dégueulasse" sans que cela ne la choquât outre mesure, juste que c'est "périmé" ce genre de récit.
Périmé, voilà : tout est dit !

Résumons, Houellebecq est un drôle d'oiseau, et pour notre nouvelle plume duveteuse : le mâle blanc en question. Et à la question de savoir s'il faut ou non s'apitoyer sur son sort est répondu : "bé non alors, c'est lui le vieux qu'est tout périmé, et nous-les-femmes qu'on est jeunes cool et modernes, y'a pas de souci".
Brillant.
Valls l'avait dit autrement : "La France, ça n’est pas Michel Houellebecq, ça n’est pas l’intolérance, la haine et la peur". Bref, tout ça ne saurait mieux donner envie de lire Houellebecq...



C'est que Houellebecq, on ne compte plus les petites boites par lesquelles on cherche à le cerner (en dehors de la grande préoccupation consistant à tout faire rentrer dans des boites). Essentiellement parce qu'il fut question d'islam dans son livre précédent. Et aussitôt, le Grand Jeu se mit en place : quelle boite allait correspondre (dit autrement, qui est-il pour dire ça) ? Facho, réac, macho, collabo, nihiliste ? Pour les accusations de facho Houellebecq déblaie le terrain : " peut-on, à la rigueur, imaginer un dépressif amoureux, tandis qu’un dépressif patriote paraît franchement inconcevable". Rien à dire, c'est bien fait.

Mais observons plutôt les arcanes du Grand Jeu. Les types se retrouvent devant des boites (fournies gracieusement un peu partout). Le début du jeu consiste à juger de la boite (moment gratifiant s'il en fut). Ceux qui sèchent n'ont pas à s'inquiéter, il se reporteront à l'une ou l'autre des réponses suggérées dans le package. Une fois l'opinion faite, il faut alors bricoler ce qu'on appelle des "arguments" (qui puisse la justifier), et le tour est joué ! Cette façon de commencer par la fin, les gens appellent ça en général "penser" (une activité qui consiste donc à mettre des étiquettes sur des boites).
Ceci dit, reste alors à faire rentrer Houellebecq dans telle boite, histoire d'avoir son mot à dire.

Sauf que Houellebecq, le système de boites, il connaît. Dans "Soumission", il était vaguement question d'islam. Bon filon pour ce filou que d'introduire une telle boite au beau milieu du champ visuel. La foule excitée s'empara donc du Grand Jeu, qui cristallisait autour de la lancinante question : "il l'est ou pas ?" (voir le nom des diverses boites à dispo plus haut). Les chiens s'ébattant gaiment avec leur nonos (Houellebecq est un très bon pourvoyeur d'os), c'est le cœur léger qu'il ne lui restait plus qu'à écrire sans plus se soucier de ces aventures finalement plus canines qu'incisives (gag).

Certes, il a dit en 2001 que "l'islam était la plus con des religions". Vaste débat sur lequel je ne puis m'aventurer plus avant. Bref, pour moi le type ne me semble pas plus islamophobe que ça, et n'a pas la moindre sympathie pour l'extrême-droite : on ne dit pas ce qui est dit dans ses livres quand on est con au point d'être d'extrême-droite ! Réac sinon ? Même pas sûr. Plutôt conservateur-révolutionnaire-je m'en foutiste (révolutionnaire oui, mais à condition que le peuple - pas plus que les élites - ne se mêle à ce genre de choses somme toute plutôt sérieuses).

Bref, les boites à Houellebecq sont moins cons que d'autres, et le type semble plutôt normal (en dehors de sa tronche, qui mériterait un très très long développement). Normal ou presque. C'est qu'il faut reconnaître en lui une tare absolue et rédhibitoire : il fait paraît-il de la poésie ! Quel pauvre type, ce Houellebecq.



*** Extension du domaine de la lutte (p 93) : "... dans nos sociétés, le sexe représente bel et bien un second système de différenciation, tout à fait indépendant de l’argent ; et il se comporte comme un système de différenciation au moins aussi impitoyable. Les effets de ces deux systèmes sont d’ailleurs strictement équivalents. Tout comme le libéralisme économique sans frein, et pour des raisons analogues, le libéralisme sexuel produit des phénomènes de paupérisation absolue. Certains font l’amour tous les jours ; d’autres cinq ou six fois dans leur vie, ou jamais. (...) C’est ce qu’on appelle la "loi du marché".


Dernière édition par chapati le Sam 26 Jan 2019 - 22:23, édité 5 fois

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Sam 9 Fév 2019 - 11:07

Et encore l'Obs !
Nous savions Jean-Luc Mélenchon enclin à la colère. Sa réaction impulsive à notre dossier de couverture "le révolutionnaire imaginaire" le confirme. Plutôt que de répondre à nos informations et à nos analyses, le leader de La France insoumise préfère manier l'invective et la calomnie. Nous déplorons ce nouvel emportement venant d'un élu de la République. Mais considérant que ses philippiques contre "L'Obs" circulent sans contrepoints sur les réseaux sociaux, nous tenons à apporter les précisions suivantes.

https://www.nouvelobs.com/politique/20190208.OBS9893/melenchon-s-attaque-a-l-obs-notre-reponse-en-3-points.html
Je vais le dire très doucement, puisque vous n'êtes pas très réveillés à l'Obs : depuis un bail, vous raillez un type auquel il a manqué un point au premier tour pour être peut-être président. Il n'est pas un jour sur le net où vous ne mettiez Mélenchon sur un pied d'égalité avec l'extrême-droite sous couvert de "populisme". C'est votre droit. La liberté d'expression fait qu'un journal peut délivrer ses opinions quelles qu'elles soient. En plus, il se trouve que le parti que vous soutenez, c'est celui pour lequel j'ai toujours voté. Et il se trouve encore que si vous faisiez une couverture de MLP avec une moustache carrée, je trouverai ça très bien.

Telles les vieilles biques à une époque terrorisées par l'alliance avec Marchais, vous avez le droit de cracher sur Mélenchon en nous prédisant l'arrivée de chars russes à Paris. Vous avez par ailleurs tout autant le droit de le traiter de révolutionnaire bidon en le coiffant d'une perruque ridicule en couverture d'un magazine visible dans tous les kiosques de France. Par contre, vous n'avez aucun droit de le présenter tantôt en populiste irresponsable tantôt en révolutionnaire bidon. C'est l'un ou l'autre. Soit Mélenchon est dangereux à vos yeux et alors vous ne le traitez pas de révolutionnaire bidon ; soit il ne l'est pas et alors vous ne nous bassinez pas chaque jour avec son côté "populiste". Or, puisque chaque jour vous le traitez de "populiste", c'est que votre choix est fait : le type est selon vous dangereux. Sauf qu'alors, rien ne peut justifier cette caricature insultante que vous vous êtes permis d'afficher partout : en clair, votre propos, c'était de purement et simplement l'insulter !
Pourquoi pas ? Sauf qu'alors, faut assumer. Parce que si le type s'insurge de se voir ridiculisé avec cette perruque à la con, c'est à vous de répondre à ça, et non à lui de justifier de sa réaction, fut-elle violente. Si on diffusait la tête de Jean Daniel avec une moustache carrée, sa réaction ne serait pas forcément mesurée, n'aurait pas à l'être en tous cas dans le cas de figure où il ait des velléités politiques !

Donc c'est simple, surtout pour un journal moralisateur à souhait comme le vôtre : la procédure consiste d'abord à reconnaître l'insulte, puis vous excusez en conséquence. C'est vous l'insulteur et lui l'insulté. Et si vous ne comprenez pas ça, c'est simple : changez de métier (traversez la rue). Or en lieu et place, vous l'attaquez sur le fait qu'il ait osé se défendre en contre-attaquant à votre insulte. Bref, on est dans le pur et simple foutage de gueule !
Les journalistes ont eu la peau de Fillon, très bien. Qu'essayer d'avoir celle de Mélenchon donne un sens à votre vie, c'est votre problème. Juste que la fin ne justifie pas n'importe quel moyen. Pour étayer votre réflexion, je me permets de vous faire remarquer que votre dernier champion en exercice, social-démocrate et tout et tout, il s'appelle Valls et il défile demain avec la droite et l'extrême-droite espagnole...

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Mar 19 Fév 2019 - 19:39

Antisémitisme et récupérations politiques diverses.

Dans Causeur, l'impayable Elisabeth Lévy essaie de nous faire croire que l'antisémitisme serait désormais une valeur de gauche. Son truc, c'est que le regain d'antisémitisme en France serait du aux musulmans de banlieues à problème, qui seraient en bon nombre antisémites. Bon, aucun doute qu'il y en ait. Sauf que jusqu'à nouvel ordre c'est pas eux qui vont profaner des cimetières juifs avec des croix gammées ! Ça c'est plutôt les potes de sa copine MLP qui trône (ou trônait encore il y a peu) en une de Causeur. C'est ici.

Déchaînée, Lévy attaque tout ce qui va de Mélenchon à l'extrême-gauche. C'est son droit. Sauf qu'elle le fait uniquement à partir de références aux réseaux sociaux (confondant journalisme et potins de madame Michu, c'est pas nouveau chez elle). Les réseaux sociaux se "mélenchoniseraient", se "nuitdeboutiseraient" sanglote-t-elle (on imagine nostalgique d'une période d'avant les nuits debout, où comme chacun sait ils reflétaient la crème de la culture française). Vient ensuite l'habituel amalgame entre tout et n'importe quoi qui la fait passer de la Palestine au vegan, puis aux islamistes aux indigènistes. Sociologiquement c'est intéressant : ça donne une idée du fonctionnement de la pensée de nos amis souchiens.
Un petit coup de grand remplacement pour finir et hop, patron : remettez-nous ça !  drunken

Après cet affligeant déballage de n'importe quoi, elle arrive enfin là où elle voulait arriver, à une phrase de son autre mentor spirituel, le malheureux Finkielkraut (qui sans doute n'en demandait pas tant), qui a écrit quelque part que "L’antisémitisme s’exprime dans la langue de l’antiracisme". La petiote se précipite donc sur cette noble pensée pour incriminer l’islamo-gauchisme, et parachève son papier ainsi : "C’est de cette matrice et pas des années 1930 que vient la haine des juifs déguisée en haine d’Israël qui se lâche aujourd’hui. Dans son inspiration, cette peste est plus rouge que brune".

Hé bé !

On pourrait peut-être entendre voire discuter de son charabia s'il était cohérent, et surtout débarrassé des scories frontistes qui l'émaillent. Mais quand dans le même article, on voit MLP présentée en pauvre innocente scandalisée que l'extrême-droite en France ne soit pas combattue, ça commence à bien faire. Je cite Levy : "Elle [MLP] se demande par ailleurs pourquoi le gouvernement ne fait rien contre les milieux d’extrême droite qui sont archi-connus". C'est vrai qu'elle est pas très futée, Lévy, mais prendre à ce point les gens pour des cons, ça pose en fait l'épineuse question de savoir jusqu'où doit-on pardonner aux cons ?


Pour se remettre la tête à l'endroit, on ne saurait conseiller la lecture ici de l'article des Indigènes de la République sur le sujet, qui remet les choses en place. D'ailleurs miss Lévy, qui se plaint sans cesse que tels musulmans ne se désolidariseraient pas suffisant des actes terroristes etc, devrait être comblée : les indigènes manifestent contre l'antisémitisme ! Mais gageons qu'on n'en entendra pas parler dans Causeur.

Ça commence comme suit : "Nous soussignés associations, partis, syndicats, indépendants, sommes toutes et tous activement impliqués dans la lutte contre le racisme sous toutes ses formes. La lutte contre l’antisémitisme fait partie à part entière de notre combat antiraciste. Nous condamnons fermement les actes antisémites, qui surgissent dans un contexte social et politique particuliers".

Ça va, madame Buzin, c'est assez clair ou faut reformuler ? (voir ici)


Je reproduis la suite dans son intégralité :
Malgré l’ampleur du dispositif de répression policière et judiciaire déployé contre les Gilets jaunes par l’État, le mouvement continue de bénéficier d’un fort soutien populaire. Il n’est pas homogène et révèle une effervescence sociale. Face à un gouvernement déterminé à ne pas répondre aux attentes sociales, il reflète la société française et ses contradictions et a largement évolué dans ce qu’il porte depuis le mois de novembre.
La séquence que nous vivons est par conséquent confuse. Si des éléments d’extrême-droite sont encore présents, le mouvement montre bien qu’ils sont loin d’être hégémoniques et capables d’en prendre le contrôle, en l’état actuel. Politiquement, mais aussi physiquement, les groupes d’extrême-droite sont mis à l’écart, comme cela a pu être constaté à Lyon, Paris, Toulouse ou encore Bordeaux. Plus le mouvement perdure, plus l’espace auquel l’extrême-droite pouvait prétendre durant les premières semaines semble se rétrécir. Parallèlement, les contacts et convergences avec des syndicats, des collectifs antiracistes, de sans-papiers, de soutien aux migrants se renforcent.
Les tags antisémites du week-end du 9 Février comme la dégradation du lieu de mémoire d’Ilan Halimi s’inscrivent dans le contexte de cette période de brouillage politique et informatif. Une période qui favorise la résurgence d’un racisme identitaire rappelant celui de l’entre-deux guerres. Ces actes antisémites portent bien la signature idéologique de l’extrême-droite nostalgique du nazisme (croix gammés, croix celtiques, « juden » etc.). Ils témoignent de la progression de la dialectique d’extrême droite à l’échelle nationale et planétaire dans un contexte d’aggravation des inégalités sociales. Or le gouvernement et ses alliés ont choisi d’instrumentaliser ces actes contre les Gilets jaunes, dénonçant leur supposée violence, antiparlementarisme et antisémitisme.
Pourtant, c’est bien ce gouvernement qui, récemment, entreprenait de réhabiliter le Maréchal Pétain, chef du régime collaborationniste de Vichy. C’est bien cette même classe politique qui trouvait si peu à redire des hommages rendus à Maurras ou à Céline, écrivains violemment antisémites. L’antisémitisme est une affaire bien trop grave pour la laisser à celles et ceux qui, jour après jour, s’emploient à stigmatiser et à réprimer les minorités. Le sommet du cynisme est atteint lorsque, déjà, nous pouvons percevoir le glissement dangereux consistant à attribuer la montée de l’antisémitisme au « communautarisme musulman », comme n’a pas manqué de s’y adonner un Eric Ciotti hélas pas isolé. Le racisme structurel n’est ni le fait des Gilets jaunes, ni le fait des minorités. Il est celui de l’État qui organise une société inégalitaire et violente.
Nous n’acceptons pas la manipulation dégradante de la lutte antiraciste par tous ceux qui, le plus souvent, ont favorisé le racisme. Nous luttons contre le racisme sous toutes ses formes, nous n’oublions pas non plus tous les actes racistes et toutes les violences policières islamophobes, négrophobes, rromophobes, visant les asiatiques, les personnes LGBT. Ce que disent les chiffres depuis des années tient en une phrase : le racisme avance en France et en Europe. Nous ne manifesterons pas ni ne participerons à la grand-messe organisée par les forces et partis politiques, ceux qui se disent progressistes avec ceux qui s’inscrivent contre le mouvement social, et qui affirment ensemble : « le racisme, ce n’est pas la France. » Cet « antiracisme », vidé de sens social et politique, est celui des pompiers pyromanes. L’antiracisme que nous revendiquons reconnaît la responsabilité politique du gouvernement français et des forces politiques alliées qui défileront avec lui. Manifester contre le racisme avec ceux qui, LREM en tête, en sont responsables et l’instrumentalisent relève pour nous de la contradiction et de la faute politique. Nous affirmons que cela ne peut être que contre-productif.
Nous ne nous laisserons pas prendre en otage entre les instrumentalisations du gouvernement ou celles des officines et ambassades poursuivant un agenda n’ayant rien à voir avec le combat contre le racisme et l’antisémitisme. Notre refus de la haine antisémite comme de toutes les haines raciales nous l’exprimerons sur un terrain dégagé de tout ce qui produit et entretient ces haines. Le mouvement anti-raciste ne servira pas de caution pour salir les Gilets jaunes. La période est dangereuse nous en sommes conscients, et une sortie de crise qui se contenterait de rétablir l’ordre, serait porteuse de conversion à la haine raciale et au fascisme. Les mobilisations exigent des réponses sociales et démocratiques. La responsabilité gouvernementale est totalement engagée.

Nous appelons à manifester contre les actes antisémites, contre leur instrumentalisation, contre le racisme sous toutes ses formes : Mardi 19 février à 19h, place Ménilmontant Paris 75020.

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Mar 19 Fév 2019 - 22:20

Ouais, youpi et merci Libé, qui fait un article sur la manif contre l'antisémitisme de Ménilmontant ! C'est .


PS : et dans le même Libé, on apprend ici que MLP a écrit à Finkelkraut pour lui dire qu'elle soutenait le même combat que lui. Décidément, le pauvre Fink a pas de bol avec qui se veulent ses copines...
Courage mec, c'est qu'un mauvais moment à passer ! Very Happy


Et encore :
Je ne pense pas que pénaliser l’antisionisme soit une bonne solution, a déclaré le président lors d’une conférence de presse (...) Je pense néanmoins que lorsqu’on rentre dans le détail, la condamnation pénale de l’antisionisme pose d’autres problèmes
Ben déjà le problème que si l'on condamne l'antisionisme parce que paravant de l'antisémitisme, comme l'a officiellement souhaité Netanyahou et l'ont proposé des apprentis-députés LREM, il faudrait aussi condamner l'islamophobie comme paravant du racisme anti-musulman par exemple.
Voilà pour les "autres problèmes"...

EDIT : enfin hier, il disait que c’était pas une bonne idée, d'intégrer l’antisionisme à l’antisémitisme, mais aujourd’hui il dit que c’est une bonne idée. Faudra pas qu'il s'étonne des réactions dans les réseaux sociaux, lui et tous les autres qui y semblent tellement attentifs ! "Pompiers pyromanes", les indigènes ont trouvé la bonne formule...
Bref ça devient difficile de commenter. Peut-être que demain il dira autre chose ou peut-être que non. D’autant qu’antisionisme, pour moi ça regroupait qui n’aimait pas la politique d'Israël, mais il paraît que ce seraient plutôt ceux qui refuseraient l'état d'Israël... enfin ça semble dépendre des définitions, les types sont pas trop sûrs, à moins qu’ils ne le soient. Moi en tous cas je sais plus. Peut-être qu'ils préciseront dans la loi ou peut-être que pas, qu'on fera des lois sans connaître le sens des mots dont il est question. Au point où l'on en est. Et puis qui sait demain... peut-être que ça voudra dire autre chose. Et peut-être que le mieux, c’est d'arrêter de commenter la politique parce que si on légifère par rapport aux réseaux sociaux, ça devient trop con, merde.
Bref, Benalla est en prison et Macron toujours président, j’ai bon là ? Et UN type a insulté Finkelkraut et c’est la guerre, encore. Contre l’antisémitisme cette fois. Mais dans les journaux on cause qu’on se demande s’il faut tendre la main à MLP qui elle-même la tendrait aux juifs et que pourquoi pas qu’elle serait honnête hein, c’est pas parce qu’elle dansait la valse avec des nazis, à moins que ce soit seulement des néo-nazis je sais plus... que ça veut dire que euh. Bon j’arrête, marre !

Bises à tous.

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Sam 23 Fév 2019 - 5:43

Le grand débat-machin.

Ce n’est pas un débat, c’est une consultation. Chantal Jouanno explique : "On avait prévu de faire une plateforme ouverte - pas un questionnaire - où tout le monde pouvait débattre, échanger sur n’importe quel sujet, parce que le principe d’un débat public ce n’est pas de poser des questions aux Français, c’est les Français qui s’expriment. Les sujets, ce n’est pas vous qui les choisissez, c’est eux".
Plusieurs commentateurs ont dénoncé le fait que les questions restreignaient les discussions et étaient orientées pour justifier la politique du gouvernement. Elles figurent dans les quatre fiches thématiques qui bornent les sujets du débat : la transition écologique, la fiscalité et les dépenses publiques, la démocratie et la citoyenneté, et l’organisation de l’Etat et des services publics.

https://www.liberation.fr/checknews/2019/02/22/qui-a-prepare-les-questionnaires-contestes-du-grand-debat-national_1710072

Sur la fiscalité et les dépenses publiques. Le genre de question, c'est comment améliorer l'information des citoyens sur l'utilisation des impôts, comment mieux répartir la fiscalité etc. Sauf que le problème n'est pas tant "d'être informé" que de faire autrement, et la façon d'utiliser l'argent ne fait bien évidemment qu'en découler. D'autres questions sur les priorités des gens serviront vraisemblablement à faire passer comme volonté populaire le rognage futur de certains budgets. Un exemple de questions de merde : demander si l'on préfère reculer l'âge de la retraite, augmenter le temps de travail ou les impôts. Le pompon n'est pas même caché : pour quels domaines seriez-vous prêts à payer plus d'impôts ? Si avec ça on n'a pas compris !

Sur l'organisation de l'Etat et des services publics, pareil. Les questions sont ineptes et pourraient servir à préparer une nouvelle dégradation du service public. Et après 19 questions sur l'administration, l'hypocrisie atteint son paroxysme avec UNE question sur les régions défavorisées : comment l'Etat et les collectivités territoriales peuvent-ils s'améliorer pour mieux répondre aux défis de nos territoires les plus en difficulté ? La réponse est pourtant simple : en commençant par arrêter de les bousiller.

Sur la transition écologique, le foutage de gueule continue. Genre est-ce qu'on préfère la pollution ou le réchauffement de la planète (j'exagère à peine). Vient à un moment une question dégoutante qui demande si, à titre personnel, on pense pouvoir contribuer à protéger l'environnement, et jusqu'où serait-on prêt à le faire ? J'avais répondu : "nous on trie nos poubelles. Et vous et vos potes de la finance, vous faites quoi ?". Après ces pitreries, il est en gros question de pognon, de savoir jusqu'où on est d'accord pour se faire tondre pour sauver le monde. Le pompon du mépris : qui doit être en priorité concerné par le financement de la transition écologique, les entreprises, les administrations ou les particuliers ? Toujours rien sur le néo-libéralisme donc : en clair, répondez à mes questions sinon fermez votre gueule. Tout est fric et rien n'est décision politique. Ce pseudo débat est une arnaque ; les désirs populaires ne sont pas même récupérés, comme le veut la tradition politique, mais balayés d'un revers de main : on parle d'autre chose !

Sur la démocratie et la citoyenneté. Première question : à qui fait-on confiance pour nous représenter ? On est incités à voter pour les associations et les organisations syndicales, des interlocuteurs avec lesquels le gouvernement sait faire. Bien entendu, l'idée de contre-pouvoir sérieux n'est jamais évoquée : chaque citoyen est de plus en plus contrôlé, surveillé, fiché aujourd'hui, et personne ne contrôle les pouvoirs actifs en exercice (lobbys, médecins, justice, presse etc).
Après quelques amuse-gueules populistes sur le vote blanc ou une démocratie plus "participative" et le baratin sur la laïcité et les valeurs de la République, viennent les louanges du comportement citoyen et l'abominable spectre des "incivilités".
Et puis on passe aux choses sérieuses avec une question sarkozienne sur la situation de l'immigration en France et la politique migratoire, suivi d'une autre interrogeant sur l'idée d'imposer des quotas d'immigrés. Sur les critères à mettre en place, ma réponse on la connaît : l'état stigmatise certains ex-migrants de façon dégueulasse depuis une quinzaine d'années, les critères sont donc d'abord qu'il se regarde dans une glace. Et pour ce qui est des quotas, ce qui est caché c'est qu'il n'y a pas de débat là-dedans : si la compétition de rats impose de la main-d'œuvre trouvée en Afrique du nord, et puisque droite et gauche préfèrent crever plutôt que de renoncer à ce spectacle passionnant, quotas ou pas et quoi qu'on réponde, rien ne changera !

La vraie question, c'était pour ou contre le néo-libéralisme. Sauf qu'on la pose pas puisque tout le monde est contre. Merci pour le dialogue avec le peuple, altesse. Et la vraie solution passe déjà par arrêtez de prendre les gens pour des cons. Et les immigrés aussi : respectez leurs traditions, leurs valeurs, leur sacré, leurs modes de vie. Accepter que les droits de l'homme, ce n'est universel que pour l'occidental (et de plus incompatible avec le néo-libéralisme). Bref, ce questionnaire est inepte et ces questions n'appellent forcément qu'à des réponses ineptes : le problème, c'est vous !

A boire et à manger - Page 2 I-want-you-for-u-s-army-james-montgomery

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Sam 23 Fév 2019 - 17:20

La cérémonie des César est devenue ce qu'est Canal+ est depuis son rachat : une usine à merde pour débiles dédiée à la gloire du dieu fric. C'était ennuyeux, débile et spécieux. Les gagnants ont tous enchaîné exactement le même discours de remerciements interminables, livré sans un mot à côté histoire qu'on se fasse moins chier, mais multiplié par trois ou quatre intervenants à chaque remise de prix. Et le tout sans jamais bien sûr oublier les remerciements au dieu fric, j'ai nommé les producteurs de cinéma eux-mêmes, qu'il a d'ailleurs fallu se taper quasiment à l'apparition de chaque nouvel élu, comme s'ils étaient chez eux. On ne voyait et n'entendait plus qu'eux, nos fameux producteurs de richesse et héros des temps modernes, mais de richesse artistique pour une fois. Bref, à l'instar de Canal+, puissant producteur de cinéma, le fric a été le grand gagnant de la soirée, à se demander pourquoi on ne couronne pas simplement le meilleur producteur en lieu et place de tous ces petits mecs qui prétendent faire acte de création. J'ai lu à l'instant qu'on avait même rendu un hommage interminable à Karl Lagarfeld, qui sauf erreur n'a strictement rien à voir avec le cinéma, rejetant quasi aux oubliettes Bertolucci ou Milos Forman, certes morts déjà à une autre époque puisqu'il y a plus d'une semaine.

Cerise sur le gâteau, Kad Merad, d'habitude amusant, a commis la performance la plus sinistre de l'histoire des César, en répétant strictement le même gag du début à la fin de la soirée, celui du du décalage entre le côté pompeux de ce genre d'événement et le quotidien de "la vraie vie". A une époque on disait que les plaisanteries les plus courtes étaient les meilleures, mais ça c'était avant que tout le monde soit devenu complètement con. Et les gens riaient, riaient, à chaque fois, à chaque répétition. Obscénité de l'entre-soi des élites. Les injonctions de mots d'ordre n'ont bien sûr pas été oubliés : on s'est tapé le cours habituel de morale néo-féministe, et ce venant de la profession qui fait peut-être écarter le plus de jambes fuselées et consentantes en guise d'introduction au cénacle. C'est qu'il faut bien marquer les esprits dans ce pays de la culture du viol. Merci aux élites d'éduquer le petit peuple, merci patron.

La nausée.

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Lun 25 Fév 2019 - 8:52

Et puisque Macron invite à donner des idées, j'en pose une. A l'heure où chaque citoyen est de plus en plus surveillé, contrôlé, fiché (et où les choses semble inéluctablement aller dans ce sens), pourquoi personne ne pose l'idée de contrôler au même titre les pouvoirs actifs en exercice : médecins, justice, police, presse, etc, qui fonctionnent régulièrement de façon corporatiste, jusqu'à taire puis couvrir collégialement toute forme d'abus de pouvoir voire de fautes, qui pour eux répondent au doux nom de "dysfonctionnement" ? Pourquoi ne pas créer à leur égard des organismes de contrôle dotés de réels pouvoir ?

On a par exemple vu récemment nombre de scandales en matière de médecine. En général c'est la presse qui tire la sonnette d'alarme. Et puis le temps passe et à chaque fois on oublie. Naomi Musanga est morte pour rien, la jambe de Thomas Veyret n'a pas repoussé, Amaury Boyer n'est pas ressuscité, comme si tout le monde se foutait complètement de tout ça. Jusqu'à ce que le fait de prendre position contre l'obligation de déclarer publiquement tout conflit d'intérêt avec l'industrie pharmaceutique finisse par n'empêcher en rien madame Buzin de devenir ministre le la santé !

Bref, on nous fait une grande affaire des commentaires débiles voire haineux des teen-agers (guère plus) des réseaux sociaux, ou encore cause nationale de comportements déplacés envers les femmes, mais on ne s'occupe absolument pas de remettre de l'ordre dans ce qui pourrait faire partie des causes de ces façons de faire, du "vivre ensemble" comme on dit maintenant. Un climat... de ces causes qui au quotidien dénient le minimum de dignité qu'on est en droit de supposer dû à tout-un-chacun. Et des victimes aussi...

Les supposées "élites" bénéficient in fine d'une forme de complaisance : toutes les "affaires" dont ils sont au centre rentrent finalement dans ce qu'on préfère voir comme des "dysfonctionnements ponctuels" et jamais un problème de fond. Dysfonctionnements presque toujours présentés comme susceptibles d'être résolus par telle enveloppe budgétaire ou ce genre de chose. C'est jamais leur faute, c'est la faute à leurs conditions de travail, au manque de personnel, aux rémunérations insuffisantes etc. Or pour moi un très grand nombre de ces gens abusent de leur pouvoir, sans la plupart du temps en être d'ailleurs clairement conscients, comme si le pouvoir que leur octroie l'autorité de leur profession leur était dû !

Donc pourquoi ne les contrôle-t-on pas ? Pourquoi les laisse-t-on fonctionner comme un état dans l'état ?

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Lun 25 Fév 2019 - 22:04

Antisionisme, définitions

Larousse : opposé à l'existence OU à l'extension de l'état d'Israël.

Robert : Le Petit Robert ne comporte pas de définition de l’antisionisme.

Littré : le mot antisionisme est inconnu du Littré.

Encyclopédia Universalis : pas d'autre définition que : qui est opposé au sionisme.

CNRTL : ne fournit pas de définition explicite. Se contente de mentionner un texte paru dans L'Arche en 1986, qui dit : les années 60 ont forgé un autre mot pour désigner une forme déguisée de cette haine gratuite : l'antisionisme. Mais ce texte est classé en tant que "remarque" et non "comme définition".

Wikipédia : Après la guerre de 67 et les conquêtes territoriales israéliennes, et en parallèle avec la médiatisation de la cause palestinienne et du problème des réfugiés palestiniens, la notion d'antisionisme évolue et devient plus ambiguë. Le terme peut caractériser des prises de positions aussi éloignées que le simple rejet de la politique israélienne à la revendication de son anéantissement.


La synthèse est finalement simple à faire : l'antisionisme est né avant la création d'Israël et était le fait de ceux qui refusaient la création d'un état juif (on l'imagine essentiellement d'antisémites). Mais depuis l'existence d'Israël et à part en Iran peut-être, on n'a jamais vu en tous cas en France quiconque remettre explicitement en cause l'existence de l'état d'Israël. La polémique entre sionistes et antisionistes n'a donc plus lieu d'être. Or le terme est encore largement utilisé dans le langage courant, pas seulement par les racistes déguisés, mais au moins tout autant par ceux qui sont contre une certaine politique extensioniste d'Israël. Et ça c'est un fait : un usage de langage qu'on ne peut que constater.

Bref, assimiler l'antisionisme d'il y a plus d'un demi-siècle à l'antisémitisme actuel sans mentionner tout ça est donc une stratégie, un calcul idéologique ou politique. Et ça marche dans les deux sens : tout comme les antisémites ont beau jeu de se réfugier derrière l'antisionisme pour développer leur racisme, d'autres ont beau jeu de faire l'amalgame entre les deux pour faire passer leurs mots d'ordre. Il n'y a donc pas plus lieu de condamner l'antisionisme au nom de l'antisémitisme qu'il n'y a de raison de condamner l'islamophobie au nom du racisme anti-musulmans. L'un comme l'autre peuvent servir - mais pas toujours - à cacher un racisme sous-jacent.
Le faire, c'est pratiquer deux poids deux mesures.

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Sam 2 Mar 2019 - 12:58

Ils sont philosophes, historiens, professeurs… Ils dénoncent des mouvances qui, sous couvert de lutte pour l'émancipation, réactivent l'idée de "race" (ici dans Le Point).



Et tous les jours ça recommence. Je crois que je devrais laisser tomber. Tous les jours les mêmes idioties et tous les jours je fais la même réponse : ces gens ne comprennent rien et s'indignent sans comprendre ce qu'ils vilipendent... et surtout sans le connaître : juste une réaction épidermique et du bla-bla derrière. Je réponds encore mais on n'est pas obligé de suivre chacun de mes radotages. Mais c'est tellement essentiel ce problème d'une pensée qui se croit universelle jusqu'à l'imposer au monde ! (pensée colonialiste donc)

Le mouvement « décolonial » et ses relais associatifs sont accueillis dans établissements universitaires, salles de spectacle etc. Or, tout en se présentant comme progressistes (antiracistes, décolonisateurs, féministes), ces mouvances se livrent depuis plusieurs années à un détournement des combats pour l'émancipation individuelle et la liberté, au profit d'objectifs opposés et qui attaquent frontalement l'universalisme républicain : racialisme, différentialisme, ségrégationnisme. Ils vont ainsi jusqu'à invoquer le féminisme pour légitimer le port du voile, la laïcité pour légitimer leurs revendications religieuses et l'universalisme pour légitimer le communautarisme. Enfin, ils dénoncent le "racisme d'Etat" qui sévirait en France.
C'est faux. Les décoloniaux écrivent noir sur blanc qu'ils ne sont pas progressistes mais ces gens n'en ont rien à faire de d'abord lire avant de se faire leur jugement. Le progrès, ce serait l'antiracisme, la décolonialisation et le féminisme. Moi je suis d'accord. Sauf que pour nos signataires, le progrès, c'est l'occident : ils confondent "progressisme" et "allant dans le sens de ce qu'est l'occident". Qu'une autre forme de progrès puisse s'envisager ne leur traverse pas, jamais, l'esprit. Bref, puisque les décoloniaux adhèrent comme eux à ces thèses citées, c'est DONC que - pour nos signataires - ils sont progressistes, voilà comment ils raisonnent. Sauf que les décoloniaux "ne se revendiquent pas progressistes", ça c'est du pipeau. Pas à cette notion de progrès "à l'occidentale " en tous cas ! Les décoloniaux se foutent du progrès de l'occident tel que vu par l'occidental, c'est pourtant simple mais ça rentre pas (dans les cases).

- Sinon oui le féminisme avec voile, désolé mais pourquoi pas : là encore, la femme blanche, c'est pas forcément la pointe de l'évolution (oui je sais, c'est terrible à entendre les filles, je compatis).
- Sinon oui encore sur la laïcité, mais pour non pas "légitimer des revendications religieuses", mais s'insurger (en accord avec le monde entier d'ailleurs, au cas où ça échappe à nos signataires) contre la spécificité paranoïaque française qui stigmatise sans cesse les musulmans en particulier... voir encore ici le coup du hijab de course il y a trois jours, raillé par le monde entier ou presque.
- Quant à revendiquer l'universalité, s'il est (encore) une preuve flagrante de ce que ces signataires ne lisent pas ceux qu'ils diffament : les décoloniaux conspuent l'universalisme ! (propres aux blancs).

BREF, COMMENT PEUT-ON SIGNER DE PAREILLES CONNERIES !?


La stratégie des militants combattants "décoloniaux" et de leurs relais consiste à faire passer leur idéologie pour vérité scientifique et à discréditer leurs opposants en les taxant de racisme et d'islamophobie. D'où leur refus fréquent de tout débat contradictoire, et même sa diabolisation. D'où, également, l'utilisation de méthodes relevant d'un terrorisme intellectuel qui rappelle ce que le stalinisme avait naguère fait subir aux intellectuels européens les plus clairvoyants.
Vérité scientifique ? Jamais lu un truc comme ça. Sans doute encore pour faire bon poids (une invention donc). Quant au refus de débattre, on a vu ailleurs (ici dans la conférence) que c'est justement les contradicteurs qui refusaient le débat ! D'ailleurs oser écrire ça et encore parler de stalinisme pour finalement dire qu'il faut censurer ces gens, les faire taire, c'est gonflé ! Mais quand on en est à ne plus même avoir la dignité d'un souci de cohérence minimal, ça devient grave.
Bref, tout ça est parfaitement minable.



Bon je résume la fin et vous épargne finalement mes commentaires suivants. Il est dit que les décoloniaux discréditeraient les institutions et les autorités institutionnelles, et ça dérange certaines desdites "autorités". Et donc il faut censurer les décoloniaux, les baillonner, les empêcher de parler... mais au nom du pluralisme et de la liberté d'expression, ça va de soi. Tel est le sens de la pétition. Sympa, non ?

Bref, de la bouillie pour chat du début à la fin.

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Jeu 14 Mar 2019 - 8:26

Ecologie

Dépôt d’un recours contre l’Etat français ce jeudi, grève lycéenne et étudiante vendredi, grande marche mondiale samedi… A l’échelle planétaire, la société civile, emmenée par de jeunes militants se rebiffe contre l’inaction des décideurs. Pour sauver ce qui est encore possible de l’être.

A boire et à manger - Page 2 1202894-prodlibe-2019-0202-marche-des-jeunes-pour-le-climat-a-bruxelles


Mon grand-père est né à Morne-à-l’Eau, en Guadeloupe, en 1900. Il n’a mangé que ce que la terre produisait autour de lui, n’a connu qu’à plus de 60 ans l’eau en bouteille, n’a jamais su ce qu’était un plat surgelé. Il est mort «en bonne santé» à 105 ans. Beaucoup de Guadeloupéens nés dans les années 70 n’auront pas cette chance. Dès leur naissance, ils auront été exposés au chlordécone, pesticide utilisé par les producteurs de bananes. Bien avant son interdiction en 1993, l’Etat et les exploitants agricoles savaient que le chlordécone était un perturbateur endocrinien, un puissant facteur d’infertilité et favorisait le cancer de la prostate. Depuis quarante-cinq ans, ce poison fait partie du quotidien de la Guadeloupe et de la Martinique. Il a contaminé la terre des bananeraies, les légumes cultivés à proximité, l’eau des sources et des rivières, la mer, l’organisme des poissons, le corps des habitants. Pour des siècles. Depuis des décennies, les Antillais réclament justice et réparation. Faute de solidarité nationale forte et d’une communication dûment relayée, la cause progresse lentement ; le chlordécone dévore les îles françaises.

Grande échelle
Sous d’autres formes, aussi variées que les inventions des entreprises pour gagner de l’argent, le cauchemar du chlordécone prospère et se développe à grande échelle. Qu’il s’agisse de la pollution de l’air, des rejets dans l’océan (plastique, pollutions chimiques…), de la disparition de la biodiversité ou du changement climatique, le monde est attaqué de toutes parts. La mort de l’humanité approche à si grands pas qu’il ne se passe plus un jour sans la publication de rapports scientifiques pessimistes. Mercredi, l’ONU indiquait par exemple qu’un quart des morts prématurées et des maladies dans le monde sont liées aux pollutions causées par l’homme. Pourtant, il est de plus en plus clair que les pouvoirs politiques et économiques ne feront rien pour inverser le cours des choses tant que cela est encore envisageable. Pour ne prendre que le cas de la France, les récents renoncements de l’Etat sont criants ; qu’il s’agisse des réductions de pesticides, des émissions de carbone, du diesel, ou de la mise en place d’une vraie politique d’économie d’énergie. Mais à la différence du chlordécone, nous, les citoyens, sommes aujourd’hui parfaitement conscients de ce qui se joue contre nous, des effets à venir sur nos corps, de l’autodestruction promise. Désormais, la société civile se rebiffe à l’échelle mondiale. Du Pakistan à la Colombie, l’ampleur de cette prise de conscience est inédite.

Effervescence
J’écris ce texte au moment où la France connaît une accélération des actions dans ce domaine. En un mois, la pétition «l’Affaire du siècle» visant à soutenir un recours contre l’Etat pour «inaction climatique»et lancée en décembre par quatre ONG (Oxfam, Greenpeace, Fondation pour la nature et l’homme, et Notre Affaire à tous) a passé la barre des 2 millions de signatures. Ce jeudi, le recours doit bel et bien être déposé devant le tribunal administratif de Paris par les quatre associations. Vendredi, des lycéens français se joindront à ceux d’une centaine de pays pour une «grève mondiale pour l’avenir» visant à réclamer des actions fortes en faveur du climat. Samedi, la «Marche du siècle» regroupera plus d’une centaine d’ONG contre les dérèglements climatiques mais aussi contre «la violence sociale». Outre l’urgence à sauver ce qui est encore possible de l’être pour assurer l’avenir de la race humaine, ce mouvement de la société civile est intéressant parce qu’il conjugue plusieurs thèmes, en effervescence depuis des mois, et qui semblent tout à coup fusionner : la lutte pour ne pas laisser notre vie entièrement aux mains de l’économie de marché et des grands conglomérats, la justice sociale et fiscale, le refus des violences, en particulier celles faites aux femmes, la meilleure prise en compte des flux migratoires, l’aspiration à de nouvelles formes d’exercice démocratique. Je suis frappée de voir combien ces thèmes, que l’on pouvait croire disparates, trouvent leur unité dans la cause écologique.

Antigone
Je suis intriguée par le fait que le combat environnemental chez les lycéens se trouve porté très majoritairement par des jeunes filles. Antigone a de l’énergie. Plus que jamais, elle est une femme jeune et forte, qui refuse l’inaction et la loi du plus fort, dont la pulsion de vie la projette loin dans l’avenir : à l’horizon 2050 et au-delà, quand les politiques et les entreprises continuent à n’envisager que le court terme, mortifère. Contrairement aux combattants du chlordécone, usés par tant de décennies perdues, les militants de la jeune génération possèdent une arme particulièrement efficace : la communication. A cause mondiale, haut-parleur planétaire. En droit, le recours de l’«Affaire du siècle» devant le tribunal administratif a peu de chances d’aboutir à une contrainte véritable sur l’Etat. Et si le juge devait rendre une décision dans ce sens, ce ne serait pas avant cinq ou six ans, dans le meilleur des cas. Mais l’effet de ce recours est immédiat : il est largement relayé dans les médias, sur les réseaux sociaux aussi bien que dans la rue. Il pèse sur «l’agenda politique», comme on dit. L’environnement agrège les consciences. Les marcheurs pour le climat sont rejoints par les gilets jaunes. La jeune militante suédoise Greta Thunberg émeut les lycéens, les youtubeurs à la mode lui emboîtent le pas, Twitter et Facebook démultiplient l’effet qui finit par atteindre le citoyen le moins enclin à défiler. Car le citoyen le moins enclin à défiler peut aussi se dégoûter des effets de la course à l’argent sur ses bronches, sur la viande qu’il mange, sur la disparition des abeilles, sur l’empoisonnement des îles.

(https://www.liberation.fr/france/2019/03/13/climat-les-citoyens-activent-la-cause-de-conscience_1714891)

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Mer 20 Mar 2019 - 12:56

(il est conseillé de regarder le clip avant de lire mon commentaire)





Publicité pour un parfum ciblant une clientèle un chouïa puante ?

Non non, clip politique pour des élections législatives !
(vive les femmes)


https://www.liberation.fr/planete/2019/03/20/parfum-de-fascisme-la-troll-de-campagne-de-la-droite-israelienne_1716139

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Mar 2 Avr 2019 - 6:50

Presse


Forum Libé au Gabon (2015)
C’est une affaire qui a déjà entraîné une démission : celle de Pierre Fraidenraich, ancien directeur opérationnel de Libération, qui était jusqu’à ce jeudi directeur général de BFM Business, une chaîne qui appartient, comme le quotidien, au groupe Altice. Fraidenraich a été mis en cause par un article de la Lettre A révélant mercredi que le parquet financier avait diligenté une enquête préliminaire sur des mouvements de fonds douteux entre le Gabon et la France.
Au cœur de l’affaire, un contrat portant sur près de 3,5 millions d’euros réglés par les autorités gabonaises pour l’organisation d’un forum en 2015. A l’époque, les salariés du journal s’étaient opposés à la tenue de ce forum dans "un pays non démocratique" et à son financement par un régime "autoritaire et opaque". Ils avaient obtenu que des ONG et des opposant y soient représentés et, surtout que Libération n’en dégage aucun bénéfice.
Or selon les enquêteurs il y a eu deux versements : l’un de 450 000 euros pour couvrir les frais du quotidien dans l'opération, et l’autre de 3 millions d’euros allés renflouer les caisses de la société éditrice du journal. Un montage d’autant plus suspect que ces trois millions d’euros ont aussi donné lieu à des commissions de 450 000 euros qui seraient allés à Nadine Diatta, belle-sœur de Maixent Accrombessi, le directeur de cabinet d’Ali Bongo. En outre, selon des documents du cabinet Mossack Fonseca, des Panama Papers, la société familiale de Pierre Fraidenraich a investi dans une chaîne de télévision fondée par l’épouse de Maixent Accrombessi.

http://www.rfi.fr/emission/20190330-liberation-ebullition-gabon-forum-altice-enquete



Hier a été déposé une "motion de défiance" des salariés de Libé vis-à-vis de la direction.
Ils expriment (à 77% de suffrages exprimés) leur satisfaction du départ de Fraidenraich, et disent la relation de confiance avec Laurent Joffrin "profondément abimée". Outre que la transparence soit faite sur l'opération, ils demandent encore qu'un "administrateur salarié les représente vis-à-vis du groupe qui décide de la gestion et de l'avenir du journal".

https://www.nouvelobs.com/teleobs/20190401.OBS10957/motion-de-defiance-a-liberation-la-redaction-veut-placer-joffrin-sous-surveillance.html
Pour rappel, Fraidenraich avait été imposé comme directeur à Libé contre l'avis des salariés, et avait assuré à l'époque n'avoir aucun lien avec les milieux d'affaire gabonais. Par ailleurs, il se dit que le président Ali Bongo aurait estimé que la tenue de ce forum était susceptible de redorer son image de marque...



Enfin, on peut lire ici plus de détails dans un article de Libé du 27 mars où Joffrin (directeur de la rédaction donc quand Fraidenraich était lui directeur "opérationnel", soit chargé de gérer le côté financier du journal), tout en assurant "ne pas avoir été au courant des détails du contrat avec l’agence gabonaise", tient pour sa part une ligne de défense cohérente, voire acceptable :
"J’ai pensé agir dans l’intérêt du journal. De temps en temps, quand on gère une entreprise en grave difficulté financière, on est acculé à des expédients". Laurent Joffrin a notamment évoqué les "problèmes de trésorerie" que connaissait alors la société. En 2015, elle avait bouclé l’année avec un résultat net négatif de 3,2 millions d’euros.

D'autres détails encore ici.

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Mer 3 Avr 2019 - 20:18

Article de l'Obs (ici) : Les grands philosophes expliqués par les penseurs d’aujourd’hui.

Juste en dessous, une coquille : Badiou [expliqué] par Platon.

Ah ah, il va recevoir, le Badiou... j'ai hâte de lire ça. pig

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Lun 8 Avr 2019 - 6:09

Les vaches sacrées manquent vraiment de gratitude. Arrivés au pouvoir en 2017 dans l’Uttar Pradesh, les nationalistes hindous leur ont sauvé la vie en fermant des abattoirs illégaux. Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est que les vaches en liberté deviendraient si nombreuses qu’elles saccageraient les champs. Cette invasion est devenue un cauchemar pour les agriculteurs, contraints de monter la garde jour et nuit pour que leurs parcelles ne soient pas saccagées. Ils doivent dépenser des fortunes en barbelés ou allumer des feux la nuit pour tenir les "nuisibles" éloignés. Certains auraient évacué élèves et instituteurs d’une école primaire pour y enfermer le bétail. La police a procédé à vingt et une interpellations, alors que ses agents sont débordés : depuis que les commissariats ont été obligés, toujours par les nationalistes, d’adopter une vache pour "montrer l’exemple", des policiers en uniforme se relayent pour s’occuper du bétail  Very Happy .

Agacés par les embouteillages causés par les vaches, des habitants ont lancé la campagne "selfie with cows". Ils se prennent en photo avec un bovin croisé sur la route et l’envoient aux autorités locales.

A boire et à manger - Page 2 1_630_630
mouvement contestataire de type "gilets jaunes" en Inde (peu avant la révolution) - photo zygma

https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/04/05/en-inde-vaches-qui-rient-et-paysans-qui-pleurent_5446296_4500055.html

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Mer 17 Avr 2019 - 6:02

Le coin de la poésie, avec Lolo de Notre-Dame (né Joffrin)


Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? Quelques idiots ont suggéré que la chute de la flèche symbolisait celle, prochaine, de la civilisation française, ou même de la chrétienté tout entière. C’est le contraire qui est vrai : une fois le choc éprouvé, il n’est question que de souscription, de reconstruction, de projets d’avenir.
Pinault et Bettencourt gardiens et sauveurs de la France éternelle, tu le dis si bien ! Oh oui lolo, encore !

Identité française ? A coup sûr. Entre Jeanne d’Arc, Henri IV, Louis XIV, Napoléon, De Gaulle ou l’abbé Pierre, une partie de l’histoire du pays s’est déroulée sous ces ogives lancées vers le ciel (...) Notre-Dame est une pièce de cet édifice de mémoire qui unit un pays, au-delà de ses déchirements, quand la cathédrale, joyau du patrimoine populaire, est un sémaphore pour ces Parisiens rebelles et patriotes.
Vibrons, camarade identitaire, rebelle et patriote - en un mot, parisien. Vibrons chère Jeanne Sémaphore de l'abbé De Gaulle, lolo pour les intimes, vibrons-nous les uns les autres.

Victor Hugo l’avait compris, qui en a fait la cathédrale du peuple. Mais il y a plus. Dans le monde tourmenté par les conflits de tous ordres, dans un paysage culturel agité par les réseaux et l’omniprésence des médias de l’éphémère, Notre-Dame de Paris est un môle de paix et de profondeur de temps.
Les médias de l'éphémère dénoncés (réseaux sociaux et plus si affinité), les gilets jaunes sont-ils solubles dans les flammes ? Divine revanche à la défiance : Joffrin humilié, Joffrin outragé, mais Joffrin libéré !

La religion de la culture, dans les sociétés modernes, est aussi forte que la religion tout court. L’hymne à la beauté vaut tous les cantiques. La culture, l’histoire, le passé, réunissent par l’émotion ce que la philosophie des droits de l’homme rassemble par la force des principes. Comme la liberté et l’égalité en sont l’esprit, l’amour de la culture en est l’âme, qui vient compléter, corriger, transcender, la froideur de la civilisation technicienne.
J'ai chaud je suffoque. La liberté est esprit et la culture est âme... c'est beau, putain c'est beau ! Moi aussi je te salue, fleur de lotus double épaisseur. Vive la philosophie, vive les droits de l'homme, vive la France !


https://www.liberation.fr/france/2019/04/16/la-cathedrale-humaine_1721822

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Mer 1 Mai 2019 - 12:58

Hier, Anémone est morte.



Le monde est devenu encore un peu plus dégueulasse.

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Jeu 30 Mai 2019 - 9:26

Manuel Valls

Gifle, camouflet, raclée, déculottée, débandade, humiliation, tels sont les qualificatifs de la presse française pour évoquer les résultats de Manuel Valls à l'élection à la mairie de Barcelone  Very Happy .


Manuel Carlos Valls Galfetti naît le 13 août 1962 à Barcelone mais est élevé en France. A 18 ans, il adhère au mouvement des jeunes socialistes et soutient Rocard. Il est naturalisé français à 20 ans. A 24 ans, il est élu au conseil régional d'île-de-France, puis intègre le cabinet de Rocard, alors premier ministre. En 92, il devient secrétaire national du PS, puis est chargé en 97 de la communication au cabinet de Lionel Jospin.

Il est élu maire d'Evry en 2001 (et réélu en 2008). On dit de lui qu'il est investi sur le terrain, se souvient des gens etc, et encore qu'il sait travailler en intelligence avec ses équipes. Cet homme à poigne dont la hantise serait l'extrême-droite veut incarner une gauche de l'ordre, des valeurs. A la tête de sa ville, il triple l'effectif et les armements de la police municipale et généralise les caméras de surveillance.

En 2003, il soutient Hollande à son poste de secrétaire national du PS. En 2007, il est avec Ségolène Royal. Il déclarera plus tard avoir refusé cette même année une offre de Sarkozy d'entrer au gouvernement Fillon. En 2012, il se présente à la primaire à gauche de la présidentielle, où il obtiendra 5,63 % des voix. Eliminé, il rallie Hollande qui le nomme alors directeur de la communication pour sa campagne. Hollande élu, il devient ministre de l'intérieur.

Valls a de bons rapports avec la communauté juive de France, il dénonce régulièrement "un antisionisme de façade" prétexte à un nouvel antisémitisme qui serait installé au cœur même des quartiers. Lors d'une cérémonie dans une synagogue, il ira même jusqu'à dire que "la liberté de croyance, c’est la liberté de porter la kippa, de réaliser la circoncision". Par contre, il ne veut pas entendre parler des instances officielles musulmanes. Il est particulièrement opposé à tout ce qui est voile dans l'espace public : "Le voile islamique, dit-il, interdit aux femmes d'être ce qu'elles sont". Après les attentats de Nice, il soutient les maires interdisant le port du burkini, en déclarant que celui-ci est "l'affirmation d'un islamisme politique". Il en appelle même à l'interdiction du salafisme en 2018. Quant aux roms, ils ne sont pas mieux lotis : "ils ont vocation à rester en Roumanie ou en Bulgarie ou à y retourner".  

Après les attentats de 2015, il prononce à l'Assemblée un discours salué par une ovation de l’ensemble des députés, où il déclare que "la France est en guerre contre le terrorisme, le jihadisme et l'islamisme radical".

Après la défaite aux municipales, Hollande le nomme premier ministre, nomination qui suscite les critiques d’une partie de la gauche qui le considère trop à droite. Des parlementaires socialistes s’opposent à sa politique. Il utilisera alors l'article 49-3 pour faire adopter le projet de loi travail, puis fera appel à lui de façon répétée, ce qui déclenche une grande vague de manifestations, dont "Nuit debout".

Au sein du gouvernement, il clame sa loyauté envers Hollande mais critique sa manière d'incarner l'autorité et d'exercer le pouvoir. Hollande renonce à un nouveau mandat et Valls annonce sa candidature. Il arrive deuxième (31%) derrière Benoît Hamon (36%) au premier tour des primaires. Il fait une campagne très agressive au second tour mais est battu (41% des voix contre 58%). En dépit de sa parole, il retourne sa veste et soutient Macron. Dans une interview à l'Obs, il se dira même prêt à travailler pour Fillon...

Peu après, il est élu d'extrême justesse député. Mais haï par une bonne partie de la gauche et snobé par LREM, son avenir politique en France est bouché. Il se tourne alors vers la mairie de Barcelone. Ciutadanos, parti de centre droit espagnol, lui propose de prendre la tête d'une liste unique des anti-indépendantistes, mais le Parti Socialiste de Catalogne ne veut pas de lui. Il se présente donc sous la seule étiquette Ciutadanos. Son programme est révolutionnaire  Cool : augmenter la police municipale et les caméras de surveillance, soit ce qu'il a fait à Evry. Il n'hésitera pas même à participer à une manifestation avec la droite et l'extrême droite pour réclamer le départ du chef de gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sanchez, critiqué pour oser dialoguer avec eux !

Bref, en Espagne, il est clairement perçu comme un homme de droite, et recueillera 13,2% de voix.

(fait à partir de https://fr.wikipedia.org/wiki/Manuel_Valls)



Barcelone

D'après un média dont j'ignore tout (Equinoxe Radio Barcelone - magazine... voir lien ici), Valls pourrait propulser Ada Colau (gauche radicale) vers un nouveau mandat. Le problème c'est qu'il l'a toujours traité de populiste et a expliqué qu'il ne la soutiendrait jamais. L'affaire est compliquée et amusante. Outre le côté politique traditionnel, rentre en jeu le problème d'une éventuelle indépendance de la Catalogne.

La gauche occupe les trois premières places à Barcelone : un indépendantiste, la gauche radicale et les socialistes. Ernest Maragall (indépendantiste) a gagné dimanche, mais avec le même nombre de conseillers (10) que Colau (gauche radicale), l'ancien maire. Suivent les socialistes catalans avec 8 conseillers. Valls (centre-droit donc) a lui 6 conseillers. Or la loi électorale stipule que le candidat arrivé en tête devient maire, sauf si une majorité absolue se forme contre lui. Absolue en l'occurence, ici c'est 21 conseillers. Le parti socialiste catalan semble prêt à pactiser avec Colau, mais les deux forces totalisent 18 conseillers : il en manque trois. C’est là qu'il pourrait intervenir avec deux autres de ses colistiers (Ciutadans y est opposé mais Valls pourrait faire scission : ses relations avec Ciutadans seraient devenues glaciales).

Colau serait en discussion avec Maragall pour tenter de former une coalition. Elle se dit prête à laisser sa place de maire mais à deux conditions : que la prochaine équipe dirigeante de Barcelone soit paritaire, mais aussi et surtout que Maragall renonce à toute politique indépendantiste. Bref s'il refuse, Maragal a une épée de Damoclès sur sa tête : les socialistes + Valls.


Et moi il me semble que si Maragall accepte le deal proposé par Colau, il se discréditera auprès de son électorat indépendantiste et obstruera son avenir politique. En outre, Valls, qui nie actuellement toute transaction, pourrait justifier de son ralliement à Colau au nom de son refus de l'indépendantisme. Bref, il se retrouve au centre du jeu (les socialistes étant de leur côté contre l'indépendance de la catalogne).

Barcelone a jusqu'au 15 juin pour se trouver un maire.


Dernière édition par chapati le Jeu 13 Juin 2019 - 1:06, édité 1 fois

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Lun 3 Juin 2019 - 6:27


chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Mar 4 Juin 2019 - 11:37

Le Centre national de la cinématographie bénéficie d'aides de l'état. Or la député LREM Céline Calvez pointe que d'après un rapport, la moitié des films réaliseraient moins de 50.000 entrées en salle. Ce qui l'amène à l'idée selon laquelle l'attribution des aides pourrait mieux prendre en compte le potentiel d’exportation des films. En clair, que cette aide soit désormais attribuée sous condition que les films soient susceptibles de rapporter du fric. On consent à aider l'art, mais pas n'importe lequel. Une ambition nouvelle semble pointer chez nos adorateurs de l'argent : après les services publics, mettre l'art sous le régime de la rentabilité !

Evidemment les créateurs s'indignent. Ils rappellent déjà l'incertitude qui régit le marché du film et fait que succès et échecs sont imprévisibles : "Cela se saurait si on pouvait prédire le résultat à l’exportation d’un film à la seule lecture d’un scénario", commente l'un d'eux. Ils plaident encore que "les performances modestes de réalisateurs aujourd'hui inconnus préparent les succès de demain". Et enfin que le succès des films à l'étranger ne reflète pas toujours la réception en France.

Une pétition a été lancée contre cette nouvelle attaque de la dictature du fric, signée par trois inconnus de la profession dont je vous laisse juges : Almodovar ; Bellocchio ; Belvaux ; Campion ; Cronenberg ; Costa-Gavras ; les frères Dardenne ; Atom Egoyan ; Haneke ; Schlöndorff ; Taviani ; Van Sant ; Verhoeven ; Lars von Trier (etc). Du menu fretin donc.

A partir du lien ici

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par chapati Jeu 11 Juil 2019 - 12:57

Houellebecq et Lambert

Ainsi, l’Etat français a réussi à faire ce à quoi s’acharnait depuis des années la plus grande partie de sa famille : tuer Vincent Lambert. J’avoue que lorsque la ministre "des solidarités et de la santé" s’est pourvue en cassation, j’en suis resté sidéré. J’étais persuadé que le gouvernement, dans cette affaire, resterait neutre. Après tout, Macron avait déclaré, peu de temps auparavant, qu’il ne souhaitait surtout pas s’en mêler ; je pensais, bêtement, que ses ministres seraient sur la même ligne.

J’aurais dû me méfier d’Agnès Buzyn. Je m’en méfiais un peu, à vrai dire, depuis que je l’avais entendu déclarer que la conclusion à tirer de ces tristes événements, c’est qu’il ne fallait pas oublier de rédiger ses directives anticipées (elle en parlait vraiment comme on rappelle un devoir à faire à ses enfants ; elle n’a même pas précisé dans quel sens devaient aller les directives, tant ça lui paraissait aller de soi).

Vincent Lambert n’avait rédigé aucune directive. Circonstance aggravante, il était infirmier. Il aurait dû savoir, mieux que tout autre, que l’hôpital public avait autre chose à foutre que de maintenir en vie des handicapés (aimablement requalifiés de "légumes"). L’hôpital public est sur-char-gé, s’il commence à y avoir trop de Vincent Lambert ça va coûter un pognon de dingue (on se demande pourquoi d’ailleurs : une sonde pour l’eau, une autre pour les aliments, ça ne paraît pas mettre en œuvre une technologie considérable, ça peut même se faire à domicile, c’est ce qui se pratique le plus souvent, et c’est ce que demandaient, à cor et à cri, ses parents).

Mais non, en l’occurrence, le CHU de Reims n’a pas relâché sa proie, ce qui peut surprendre. Vincent Lambert n’était nullement en proie à des souffrances insoutenables, il n’était en proie à aucune souffrance du tout. Il n’était même pas en fin de vie. Il vivait dans un état mental particulier, dont le plus honnête serait de dire qu’on ne connaît à peu près rien.
Il n’était pas en état de communiquer avec son entourage, ou très peu (ce qui n’a rien de franchement original ; cela se produit, pour chacun d’entre nous, à peu près toutes les nuits). Cet état semblait irréversible. J’écris "semblait" parce que j’ai rencontré pas mal de médecins, pour moi ou pour d’autres personnes (dont plusieurs agonisants) ; jamais, à aucun moment, un médecin ne m’a affirmé qu’il était à 100 % certain de ce qui allait se produire.

https://www.lemonde.fr/sante/article/2019/07/11/michel-houellebecq-vincent-lambert-mort-pour-l-exemple_5488006_1651302.html

Cher Michel,

Moi qui pensais te faire intervenir dans mon roman (intitulé "Sous-mission"), me voilà bien embêté. Je voulais faire de toi un personnage marrant, avec lequel on pourrait se prendre d'empathie. Mais tu yoyottes déjà on dirait. Déjà dire que sa famille voulait le tuer, c'est pas le top, question élégance. Le seul point sur lequel on se retrouve, c'est Buzin. Sauf que moi dès que je l'ai vu, la Buzin, je me suis méfié, ça sentait l'élite toubibistique à plein nez. Avec oui, cette façon de s'adresser au gens comme à des mômes, entre autre. Tiens, tu ferais mieux de lire ma rubrique "médecins" plutôt que de faire le malin sur Le Monde, tu apprendrais comment ils considèrent les gens qui s'appellent pas Houellebecq par exemple, ça te grandirait.

Un point pour toi quand même, j'avais pas lu que ses parents voulaient le prendre avec eux. La presse aurait failli... ou c'est moi ? C'est vrai que ça déplacerait un peu le problème, j'avoue. Sinon le coup de l'hôpital surchargé, c'est pas top non plus : c'est pas le coût de l'eau le problème, machin, le problème c'est le type dans le couloir sur un brancard. Enfin bref. Autre idiotie, ça correspond peut-être à ton style de terminer une phrase par "dont on ne connaît à peu près rien", mais dans ce cas faut pas dire avant que le type n'était en proie à "aucune souffrance insoutenable" (fallait pas sécher les maths à l'école), imagine juste qu'il soit vaguement conscient !

Bon j'arrête avec toi, bien cher légume. Ecris plutôt des livres...  


PS : pour mon texte, je ferai comme si t'étais toujours sympa.

chapati
Admin

Messages : 1565
Date d'inscription : 28/02/2017

https://philo-deleuze.forumactif.com

Revenir en haut Aller en bas

A boire et à manger - Page 2 Empty Re: A boire et à manger

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Page 2 sur 15 Précédent  1, 2, 3 ... 8 ... 15  Suivant

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum