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Schubert

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Message par chapati Mar 28 Juil 2020 - 13:05

Schubert c'est beau. Schubert est capable du meilleur. Et le meilleur c'est sa musique de chambre, d'une beauté folle. Beauté que l'on peut aussi trouver dans certains passages lents au piano. Mais tout a été dit là-dessus. C'est ensuite que ça se complique. Et ensuite j'ai essayé d'écrire sur l'inachevée. Et ça a été si compliqué, difficile, laborieux, qu'aujourd'hui j'en suis à de ne plus être du tout sûr de simplement l'aimer !

Mais entrons dans le vif du sujet. Les sonates pour piano, j'en donne essentiellement deux en lien, avec Mitsuko Uchida et Maria Joao Pires. Leurs mouvements lents sont magnifiques. Mais j'y peux rien, ça me saute au yeux : comment accoler les finals, presque sautillants, après ces moments aussi graves ? Où est la liaison ? Qu'est-ce que ça veut dire ? Schubert n'est pas un bâtisseur, un piètre architecte ? Peut-être, admettons. Et sans doute qu'une symphonie, c'est très difficile... surtout juste après Beethoven ! Mais une sonate ? Et moi j'en suis à me demander s'il ne s'agit pas de bouts épars, accolés je ne sais comment. Alors ? Qu'en disent les critiques ? Rien sans doute. Et je vois pas le rapport (ou j'y comprends rien ; ou encore, c'est pas le moment pour moi de disserter sur Schubert). Bien sûr, on peut passer outre... et de toutes façons, à la fin l'oreille s'habitue. Mais quand même, Schubert croit-il qu'il écrit des sonates ?

Beethoven est déjà vieux quand Schubert émerge, et nul doute que sa stature a du en décourager plus d'un. Terrorisé par le monstre ? Comme Clapton qui dit avoir voulu arrêter la guitare le jour où il a écouté Hendrix ? En tous cas, les sonates de Beethoven, ça vous prend et ça ne vous lâche pas : on les fait nôtres, elles nous appartiennent, on les joue les rejoue à chaque écoute. Schubert non. Chez Schubert ça vient d'ailleurs. Au point de se demander s'il est vraiment concerné par l'idée de créer un objet musical. Mais comment est-ce possible ? Comment ne pas être concerné quand on a une telle magie au bout des doigts ? Ça le dépasse : trop beau pour lui ? Ce genre de chose m'a travaillé au point que j'en suis arrivé à des supputations abominables, quasi inavouables : et si sa musique était purement sonore, une pure fabrique de sons ? La jeune fille et la mort, un objet purement esthétique ? Nourri par la seule beauté sonore des instruments ? C'est terrible d'imaginer ça, indigne sans doute. Et est-ce seulement possible ? Ou est-ce un homme désespéré ? Quant à l'inachevée, j'ai du mal à ne pas y voir un patchwork d'idées volés, à Strauss, à Beethoven... et en arrière-plan un type laminé de ne savoir construire, mettre en ordre, finir ce qu'il commence, et qui peut-être l'aurait envoyé paître, de rage. Ou est-ce moi qui délire. Mais les mouvements lents alors ? Putain que c'est beau ! Comment il fait ça ? Schubert est un mystère, Schubert m'échappe...
Enfin peut-être.

Le web parle d'un homme timide, sans ambition. D'un chagrin d'amour aussi. Schubert aurait attrapé la syphilis à 26 ans. C'est l'année où il commençait l'inachevée. Et sa santé se serait dégradée jusqu'à sa mort à 31 ans. Peut-être que tout ça ne fait pas tout à fait une vie ?



8° symphonie (inachevée)

Furwangler s'empare du morceau et ça arrache. Il joue ça comme du Beethoven. Pas de contresens donc pour peu qu'il s'agisse bien d'une symphonie du destin (et il n'est question de rien d'autre chez Furt).




A l'époque, j'avais choisi Gunter Wand. Une prise de son superbe d'un Philharmonique de Berlin des grands soirs (mais un orchestre peut-il être plus beau que chez Furt ?). Moins en tension que Furt, classique mais concerné, grave, coloré et délicat : plus schubertien ? Mon disque + un enregistrement tardif, mais video.






Et je suis tombé sur une étonnante version de Trevor Pinnock, qui enchanta le monde avec ses concertos de Bach, et qu'on n'attendait pas là. Ça sonne presque "moderne", avec de faux airs de Symphonie du Nouveau Monde (Dvorák). Et ça marche !





Piano

Pour le reste, piano, musique de chambre etc, les interprétations sont proches. Il y a peu de contresens à faire avec Schubert. Les femmes le jouent souvent très bien. En bloc pur d'émotion, Uchida par exemple a de vrais arguments. Mais Joao Pires dit que "pour un interprète, il est important d'être à l'écoute de la source de la musique, et non pas de son émotion personnelle". Vache, comment qu'elle cause, Maria ! Et elle pose la question : Schubert est-il une émotion ou un climat ? Ouh la, voyons voir. D'où vient la mélodie ? De l'émotion sans doute. Mais alors on la tient l'émotion. Elle est dans la mélodie et ne peut nous échapper. Ensuite, reste à développer (c'est qu'une émotion, une mélodie, c'est une ligne, ça fait pas un morceau). Et c'est là que vient la question : est-ce l'émotion qu'on prolonge ou le climat qu'elle procure ? Ouille. Pires me convainc, encore une fois. Et avec elle, jamais la moindre faute de goût... mais rien à faire, Uchida aussi est fascinante ! Uchida en immersion totale ou Pires à la source ? Choix impossible, je mets les deux :






Autre possibilité, Arrau et ses magnifiques enregistrements tardifs (ceux de Schubert, les Bach sont affreux) en coffret "Arrau Héritage" (Philips), bien supérieurs selon moi aux gravures antérieures. Grave et profond, Arrau est chez lui dans Schubert. Jamais la moindre faute de goût. Indispensable !



Ici, l'intégrale du coffret Héritage, en continu :
https://www.youtube.com/watch?v=Qe6iGu_OovQ&list=PL6HikiTIqDNbmXQENMtmVjMGO8cKwg1VC



Musique de chambre

Pour la musique de chambre, il faut une bonne chaîne pour avoir LE son. Alors la beauté est là. Et dans son lent mouvement, la jeune fille vous emporte. Vous êtes comme un idiot dans un monde de pure beauté où plus aucune objection ne vaut : oublié l'architecture, l'objet musical, la source et l'émotion, tout ça n'existe pas... n'a jamais existé. Ou alors, c'est tellement beau que personne ne s'en est jamais rendu compte. Plus rien d'autre n'existe que le mouvement lent de la jeune fille.

Le violoncelle grave de Rostropovitch le fait pour l'Arpeggione. Et pour le reste, les Berg (mes préférés).  






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