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Leibniz : résumé

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Message par chapati Jeu 9 Mar 2017 - 14:03

LEIBNIZ (1648 - 1716) pour les non-philosophes

Leibnitz envisage un système de représentation infini, doté d'un principe d'harmonie.
Il part de l'individuel et met en perspective la multiplicités des points de vue. Tout sujet est doté d'un point de vue qui le caractérise. Là où la tradition philosophique pensait les concepts hors de l'âme, ne les justifiait que par une extension qui n'allait jamais jusqu'à l'individu, là où elle n'envisageait que l'universalité pour atteindre l'être, Leibnitz crée avec le point de vue un concept qui enveloppe, qui contient l'individu. Autrement dit, c'est l'individuation qui est première.

Leibniz est mathématicien, pour toute chose il y a pour lui un concept qui rend compte de la chose à travers ses rapports différentiels avec d'autres choses (s'il y a peu à dire sur x ou y, le rapport x/y nous renseigne sur l'un et l'autre). La matière est pour Leibniz composée d'une force active qui donne son mouvement à une étendue passive qu'elle enveloppe. Mais le mouvement n’est pas la réalité, la réalité est la force qui en est la cause. Pensée désir âme, tout est force chez Leibniz. La force est "ce qu’il y a dans l’état présent qui porte avec soi un changement pour l’avenir".

C'est à travers un processus individuel que chaque chose est soumise à la loi du changement, qui est en fait loi de continuité. La continuité fait que chaque état de choses a une raison qui s’explique par l'état qui précède, selon le principe de raison suffisante. Les corps se règlent suivant des causes efficientes, les âmes selon les causes finales, et ces causes agissent l'une sur l'autre (par exemple efforts et impressions de l'esprit se conservent durablement dans la mémoire alors qu'ils n'existent que momentanément dans les corps : il y a passage insensible d'une perception consciente à une perception insensible). La continuité spécifique de chaque individualité l'entraîne à devenir ce qu'elle est, mettant au fur et à mesure à jour ses propres tendances, spécificités, lois internes.

Mais ce mouvement de continuité (qui va aussi des choses simples aux animaux, des animaux aux âmes, des âmes à Dieu), on ne le voit pas. On ne perçoit le mouvement que selon la perspective qu'on en a ; on ne peut le penser qu'en termes de degrés et non de nature. C'est par analogie avec le modèle de l'âme que nous interprétons nos perpétuels changements d'états internes, nos sensations et sentiments, nos pensées : "l'unité substantielle, indivisible et naturellement indestructible demande à être accomplie, puisque sa notion enveloppe tout ce qui doit lui arriver, ce qu’on ne saurait trouver ni dans la figure ni dans le mouvement... mais bien dans une âme ou forme substantielle, à l’exemple de ce que l’on appelle moi".

L'unité de chaque chose, donnée donc par son devenir, son individuation, Leibnitz l'appelle "monade". Chaque monade perçoit l'univers à travers son point de vue (point de vue auquel Leibniz reconnaît toujours quelque chose de fondé, en rapport avec la nature des choses). C'est cette qualité propre de perception qui marque l'individualité. Et quand Leibnitz nous dit que les monades ne peuvent recevoir aucune influence extérieure, c'est parce qu'elles enveloppent tout ce qui leur arrive dans leur point de vue.
Ainsi l'univers tout entier se réfléchit dans chaque monade, quand la partie que chaque monade en perçoit est pour celle-ci le reflet de l'ensemble de l'univers. Mais si les monades ne perçoivent pas toutes la même portion du monde, ce reflet n'en est pas moins réel car l'ensemble des perspectives des monades se recoupe autour de la cohérence du monde... monde qui n'est rien d'autre (ni de plus) que la totalité de ces perspectives.

L'harmonie est un principe continu qui fait coexister les choses au fil du temps, principe qu'on pourrait définir ainsi : une chose ne peut pleinement se réaliser qu'en fonction de l'état du monde de la même façon que le monde n'est que fonction de l'état de chaque chose.



Dernière édition par chapati le Sam 21 Mar 2020 - 18:38, édité 2 fois

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Message par chapati Ven 6 Juil 2018 - 13:24

Je crois que Deleuze aime bien Leibniz, qu'il existe une affinité de goût entre eux (goût pour la logique en particulier). Peut-être le voit-il un peu comme un poète regarderait un scientifique, comme une sorte de monstre avec lequel il serait relié par un goût commun pour l'architecture (là où architecture de la pensée et logique deviennent synonymes, liées de façon incontournable). C'est l'architecture de Leibniz qui le rend philosophe (et la création de concepts). Leibniz est peut-être quelque chose comme l'alter ego de Deleuze.

La formule différentielle déboule de la science, mais comme Deleuze le précise dans ses cours, c'est via le symbolique que Leibniz envisage un rapport entre équation et philo. Pas question de prendre au pied de la lettre une correspondance directe entre les équations et la réalité. L'équation, ces que j'en comprends, c'est que si l'on ne peut comparer deux forces a priori incompatibles (par exemple la vitesse et la chaleur), on peut introduire un troisième terme à partir duquel on leur trouvera des correspondances.

C'est pourquoi je me suis permis de malmener la formule. Dans ses cours, Deleuze parle en fait d'un rapport de différence minime pour chaque terme de l'équation : ce ne sont pas x et y et leur rapport x/y dont il est question, mais dx et dy et d'un rapport dx/dy, d étant posé comme une différence entre deux états de choses successifs. Bref, il y est question d'illustrer le principe de continuité (non développé ici) chez Leibniz, qui serait un principe "d'évanouissement", à savoir qu'une chose s'évanouit pour laisser place à une autre : telle est chez lui la continuité entre deux états de choses successifs. C'est tout ce que je peux en dire (Deleuze étant à mon sens meilleur prof de philo que de maths).


Dernière édition par chapati le Sam 21 Mar 2020 - 18:46, édité 7 fois

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Message par chapati Dim 8 Juil 2018 - 22:52

Du principe d'identité à l'événement.
(à partir de cours de Deleuze)

Soit le principe d’identité. L'énoncé classique est : le triangle est triangle. Mais dans "le triangle a trois angles", sujet et prédicat sont identiques, pas dans "le triangle a trois côtés". Ce principe d'identité, on peut l'énoncer autrement, en disant que "toute proposition analytique est vraie" (analytique, ça veut dire que soit "sujet = prédicat" ; soit prédicat appartient au sujet). Et Leibniz dit, voyons la réciproque : "toute proposition vraie est-elle analytique" ?

Quand sujet et prédicat sont équivalents, on est dans le domaine de l'essence. Mais quand le prédicat appartient au sujet, on entre dans celui des existences. Leibniz veut alors montrer que "exister, être en relation avec" peuvent être traduits comme l'équivalent d'attributs du sujet. Et ce monde où toute proposition vraie est analytique, il lui donnera le nom de "principe de raison suffisante". Principe qui peut s’énoncer ainsi : si tout ce qui arrive à un sujet est déjà contenu dans la notion du sujet, chaque chose a une raison d'être. Bref le sujet appartient à la notion de sujet.

C'est que les causes sont nécessaires mais pas suffisantes, quand la raison suffisante elle, n’est pour Leibniz pas autre chose que la notion de la chose. La raison suffisante exprime le rapport de la chose avec sa notion, tandis que la cause exprime le rapport de la chose avec autre chose.

Or de causes en causes comme d'effets en effets, Leibniz en arrive à dire que la totalité du monde doit être comprise dans la notion de sujet : le monde passe à l’intérieur de chaque sujet ou chaque notion de sujet.

Jusque là, on avait toujours distingué que le concept renvoyait à la généralité, et l’individu à la singularité, que l’individu n’était pas comme tel compréhensible par le concept. Mais avec la notion de sujet, Leibniz a un concept de l’individu comme tel... et donc chaque notion d’un sujet exprime pour lui le monde.

Mais qu’est-ce qui distingue un sujet d’un autre ? C'est là qu'apparaît la notion de point de vue. Chaque sujet a un point de vue différent. Et pour Leibniz, le point de vue est plus profond que celui qui s’y place : le sujet est second par rapport au point de vue, et ce qui constitue la notion individuelle en tant que telle, c’est un point de vue. Le sujet est constitué par le point de vue et non le point de vue constitué par le sujet. C’est le point de vue qui explique le sujet et pas l’inverse.

(on a vu plus haut que Leibniz dit que chaque sujet exprime la totalité du monde, mais obscurément et confusément. Ça veut dire que la totalité du monde est bien en lui, mais sous forme de perceptions sans conscience. Tous les individus expriment la totalité du monde obscurément et confusément. En revanche, seule une petite portion du monde est exprimée clairement et distinctement par chacun. Ce qui fait le point de vue, c’est la proportion de la région du monde exprimée clairement et distinctement par un individu par rapport à la totalité du monde exprimée obscurément et confusément. C’est ça le point de vue. Et ce qui va définir la zone d’expression claire de chacun, c’est ce qui a trait au corps. Il y a quelque chose qui concerne mon corps que je suis seul à exprimer clairement. Le monde que les notions individuelles expriment est intérieur, inclus dans les notions individuelles, sans portes ni fenêtres dans la mesure où chaque notion obéit comme à une loi propre à la force interne qui correspond à son champ virtuel d'individuation. C'est ce que Leibniz conceptualise sous le nom de "monade")


Revenons maintenant à la formulation du principe de raison suffisante. Elle est donc toute simple : toute proposition vraie est analytique, c'est-à-dire qu'il faut bien que l’événement qui concerne la chose soit compris dans la notion de la chose. Mais ce domaine, c’est le domaine de l'existence.

D'après Deleuze, ce que Leibniz appelle un prédicat, c'est ce que nous appelons une relation. Leibniz dit que " la notion individuelle enferme ce qui se rapporte à l'existence et au temps"... et c'est ça le prédicat. Ce qui se rapporte à l'existence et au temps, c'est ce qui se dit d'un sujet, et ce n'est pas un attribut, c'est un événement. C'est même une définition parfaite de l'événement (nominal seulement) : l'événement c'est ce qui se rapporte à l'existence et au temps. En ce sens il n'y a pas d'événement sans rapports. L'événement est toujours un rapport, non seulement un rapport avec l'existence et le temps, mais à l'existence et au temps. C'est ça l'apport fondamental de Leibniz à une logique de l'événement. L'événement est inclus dans la notion individuelle de celui à qui il arrive, ou de ceux auxquels ils arrivent.


(après ça, les choses s'éclairent et on peut aller voir Whitehead ici)

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Message par chapati Lun 23 Mar 2020 - 14:50

Le type a juste interprété les choses. Il les a vécu, puis pensé, et finalement interprété. Il a interprété que ceci voulait dire cela et son interprétation est devenue sa réalité, c'est-à-dire pour lui le réel. Pas tant qu'il ait décidé grand chose, l'interprétation s'est faite au fur et à mesure. Et l'impératif premier est que toute interprétation se doit à chaque fois de rentrer dans notre représentation du monde, de façon qu'il reste à nos yeux cohérent. Ensuite le type avance, collé à sa réalité.

Vous pouvez vous retrouvez dans sa réalité. Si vous le savez ça va, sinon c'est dangereux. Ça l'est d'autant que lui-même ne le sait pas : il ne parlera de ses successions d'interprétations, puisqu'avec le temps c'est devenu sa réalité, puisque ses interprétations ont construit la monade qu'il est devenu. Rêves, lignes de fuite, virtuels, on est pris dans des rêves. Les nôtres, ceux des autres. De l'extérieur ça ressemble à un film de Resnais. Sabine Azéma gifle Pierre Arditi. Cinq ans après, deux personnages un peu différents sont dans une situation. Et puis le film revient en arrière. Azéma embrasse Arditi et cinq ans après on a deux autres personnages dans une autre réalité. C'est la vie. Mais ici il est question d'interprétations. Ici les fenêtres se ferment, et quelquefois les portes. Et la monade avance, seule, avec son monde et dans son monde.

Il y a aussi une représentation collective, un récit qui nous dit que le monde aurait telle forme. Il y est question de normes. Ça influence d'autant qu'on est tous confronté au récit comme aux normes. Mais à l'instar du rêve de l'autre, ce n'est rien qu'une autre interprétation... sauf qu'ici l'interprétation est norme. C'est omniprésent sans être vraiment clair et visible, d'abord parce qu'on est immergé dedans, ensuite parce tous on diverge du récit. Mais tant qu'on ne fait que diverger, on se situe par rapport à lui et on n'affirme finalement pas grand chose en dehors d'une vague singularité sans grand intérêt (on est par exemple nombreux à faire le constat que le monde ne marche pas fort). Certains ont peut-être la chance de pouvoir réussir à vivre à côté de tout ça, tant mieux pour eux. Pour les autres le récit est tout aussi dangereux qu'être dans le rêve d'un autre. Et si les points de vue ne suffisent pas, ne reste plus, pour avoir une chance de saisir la portée de ce qu'est un environnement, qu'à comprendre les mécanismes des récits collectifs. Alors on entre dans la perspective.


Est-ce là ce que dit Leibniz ? Peut-être...

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